À la rencontre des Associations communales

INTERVIEW de Jérémy Annen, Président de l’association communale de Troinex et Conseiller municipal à Troinex

Quoi de neuf dans votre commune de Troinex ? 
Pendant 200 ans, Troinex a grandi paisiblement pour atteindre ses 2700 âmes actuelles, laissant à Carouge, sa lointaine banlieue, le soin du développement urbain. 

Or, depuis quelques années, sous la pression démographique et immobilière, la ville avance et bouscule le traditionnel positionnement « nymbyiste »* de nos habitants. 

En 2034, ce sont ainsi près de 1400 personnes de plus qui auront rejoint notre commune, avec notamment la construction d’un nouveau quartier et la densification du centre du village. 

Croissance sans conscience n’est que ruine de l’âme, pour à peu près citer Rabelais, et pour préserver la qualité de vie à laquelle nous sommes tant attachés, nous avons décidé d’anticiper et d’accompagner cette évolution.

Un plan d’adaptation global de nos infrastructures est mis en œuvre : nouvelle crèche, nouveau centre sportif, nouveau restaurant communal et, bientôt, le bus 49 pour rejoindre le Léman Express, l’agrandissement de l’école et une future ferme de la culture.

Ces projets ont nécessité un engagement politique important, rendu possible grâce à une Entente troinésienne soudée (PLR, Centre et Hors-Parti), avec qui on va plus vite, mais également à la collaboration constructive des autres partis (Vert’libéraux, Verts et Socialiste), avec qui on va évidemment plus loin.

* Syndrome NIMBY : « not in my backyard » / « pas dans mon arrière-cour », ou plutôt, « surtout pas chez moi »

Quelle est la spécificité de votre commune et comment y répondre ?
Troinex a la grande chance d’avoir les moyens de son développement. Sans être superfétatoires, nos revenus fiscaux, soutenus par une politique immobilière dynamique et une saine gestion des deniers publics, nous permettent de réaliser les investissements nécessaires en garantissant un équilibre financier durable de la commune.

Nous pouvons également compter sur un électorat encore bien ancré au centre-droit, un bon niveau de confiance et d'implication dans la vie politique locale, avec des jeunes qui s’investissent, un taux de participation élevé lors des votations et un tissu associatif énergique. Ce qu’on appelle par chez nous l’« esprit troinésien ».

Cela étant dit, lorsqu’on choisit de vivre à la campagne, c’est que le « vert » est dans le fruit : on ne veut pas/plus de la ville. On veut de l’espace, de l’air pur, une vie de village, des balades dans la nature, de la tranquillité. Et un chien.
Nous devons donc tenir compte de cette tendance, tant dans nos positions politiques que dans la manière de gérer le développement de la commune. Le PLR Troinex doit être comme les oranges de Paul Eluard : bleu à l’extérieur, un peu vert à l’intérieur. Plus facile à dire qu’à faire…

La saga du bus 49, cette nouvelle ligne qui doit relier Veyrier à la gare de Lancy-Bachet, en passant par Troinex, n’en finit pas de jouer les prolongations.

Un sujet d’actualité dont vous souhaitez nous parler ?
La saga du bus 49, cette nouvelle ligne qui doit relier Veyrier à la gare de Lancy-Bachet, en passant par Troinex, n’en finit pas de jouer les prolongations. Sa mise en route était prévue en 2022, à l’arrivée des premiers habitants du Parc des Crêts, dans le but de limiter l’augmentation du trafic automobile.

Le tracé du futur bus, qui devrait passer par une zone résidentielle, est combattu depuis trois ans par les riverains (par référendum puis au Tribunal administratif). Leur dernier recours a été entendu par la chambre administrative : nous aurions dû mener une étude plus approfondie sur les éventuelles nuisances sonores…

Une telle analyse avait pourtant bien été réalisée par les services de l’État et avait été jugée suffisante pour délivrer les autorisations de construire, à présent annulées.

Bref, retour à la case départ, malgré un grand travail d’anticipation, de concertation et de médiation. Garder l’humilité des possibles, une grande règle en politique, même au niveau communal… 

Quels sont les enjeux de votre commune dans les années à venir ?
Poursuivre l’adaptation des services et des infrastructures publics de manière harmonieuse pour demeurer une commune attractive, à taille humaine. Ceci implique une bonne cohabitation de tous les habitants, des logements accessibles, des transports publics efficaces, des espaces sécurisés pour les piétons et les cyclistes, tout en garantissant un stationnement et une circulation facilités aux abords de l’école, des commerces et des équipements communaux.

Et pour le PLR, il s’agira de permettre ce développement en préservant l’équilibre entre intérêt public et privé, à travers une collaboration avec l’ensemble des partis politiques communaux.

Pour cela, nous devons préparer la relève au sein de notre association, avec de nouvelles personnalités, aux compétences complémentaires et partageant les mêmes valeurs, et poursuivre une stratégie d’Entente solide afin de réussir les élections de 2025.

Quels sont les aspects les plus gratifiants et les plus difficiles dans votre fonction de président d’association ?
J’ai toujours eu beaucoup d’intérêt pour la chose publique et son moteur : le bénévolat. Comment animer une équipe de personnes avec des convictions et des compétences différentes, comment permettre à chacun de les exprimer dans une éthique et une vision commune, suffisamment large pour tous s’y retrouver, suffisamment précise pour être efficace et avancer ? Quand on a le sentiment d’y parvenir et de contribuer ensemble au bien commun, en toute liberté, c’est une grande satisfaction. 

La partie la plus difficile pour une petite association demeure le manque de moyens, que ce soit humains ou financiers. Dans ce cadre, il me semblerait intéressant que le PLR Genève joue un rôle plus important de « fédération » des associations communales, afin de partager les pratiques et mettre en commun certaines ressources.

Et pourquoi pas, soyons fous, imaginer une forme de fonds intercommunal permettant de subventionner certains projets pour les associations ayant moins de moyens (campagnes électorales, votations, démarches de recrutement de membres, cycle de conférences dans les communes, etc.) ?