À bientôt Lisa

Par Jacques-Simon Eggly

Je suis cohérent mais pas insensible. Je me demandais si le duo sortant de gauche allait être réélu ou si Mauro Poggia allait faire tomber l’un des deux. Je pensais bien que Céline Amaudruz ne réussirait pas encore à se faire élire ; même si elle a fait un score excellent. Il lui aura manqué des voix normalement attachées au Centre et au PLR. Je le regrette. En ce qui concerne quelques femmes notables du Centre, je me demande si elles déplorent l’élection au Conseil d’État de Delphine Bachmann, du fait qu’elle a été élue au deuxième tour, ce printemps, grâce aux voix UDC et MCG… Pour autant, la réaction du nouvel élu UDC, Charles Poncet, prédisant la vengeance envers le Centre, était outrancière et déplacée. C’est son habitude et sa nature. On ne peut rien y faire. Il a bien rendu hommage à Céline Amaudruz et dénoncé une violence qu’elle a subie. C’était bien. Mais elle-même a été beaucoup plus équilibrée, mûre et mesurée dans son intervention. Je me demande comment elle cadrera ce collègue, se voulant ami et protecteur, mais qui ne l’aidera pas forcément dans sa stratégie intelligente et patiente d’établir des relations apaisées et fécondes avec ses alliés au sein d’une grande alliance de droite : laquelle commence tout de même à fonctionner assez bien. Pour la suite, beaucoup repose sur elle. Elle a un avenir politique.

Lisa Mazzone aussi avait un avenir politique. Si Carlo Sommaruga avait été éliminé, j’aurais eu une pensée pour lui ; parce que je le connais et que c’est pénible d’être un sortant battu. Mais j’ai une pensée plus forte envers Lisa Mazzone, quand bien même je ne la connais pas. Si j’avais dû choisir qui devait rester, je l’aurais choisie elle, et non le vieux routier socialiste. Femme, jeune, ayant trouvé sa place à Berne, la voici stoppée dans son élan. Je pense, mais ce serait à vérifier, que c’est un défaut de voix socialistes qui l’ont fait passer derrière Carlo Sommaruga, malgré, très probablement, des voix obtenues au centre et même à droite.

La solidarité socialiste-vert n’a sans doute pas été totale. Pas d’hypocrisie, mon sentiment dominant est évidemment la satisfaction pour l’élection de Mauro Poggia ; un succès personnel autant que politique. Toutefois, c’eût été mieux avec l’une des deux jeunes femmes qu’avec son vieux camarade de collège. D’accord, pas de jeunisme ; surtout lorsque l’on a soi-même quitté le Parlement fédéral à 65 ans. Mais le contraste à l’image était tout de même assez saisissant.

Lisa Mazzone a fait une intervention d’une grande dignité. Elle a semblé dire adieu à la politique. Alors, moi qui ne la connais pas, j’ai envie de lui dire ceci : ne lui tournez pas trop le dos. Restez en prise.

Dans quatre ans peut être, un essai de retour ; par exemple pour la place d’un Carlo que vous avez implicitement invité, dimanche, à savoir, en temps voulu, tirer sa révérence ? Je ne crois pas trop à ce scénario, mais… Une autre piste ? Au printemps 2028, nouvelle élection au Conseil d’État.

Antonio Hodgers pourra difficilement se représenter. Si les écologistes sont alors en situation de prétendre à un siège, pourquoi pas pour vous ? Je ne vois pas, pour l’instant, d’autre figure de proue émerger. Bref, en cédant peut-être à ma tentation sentimentale j’ai presque envie de dire : probablement à bientôt Lisa…

Revenons au commentaire politique. Je pense que Mauro Poggia trouvera sa place dans un groupe important et travaillera dans des commissions importantes. Sur des sujets impliquant Genève, il devrait trouver une entente avec son collègue socialiste. Enfin, loin d’une idée toxique de vengeance ou de représailles, j’invite les responsables des partis PLR, Centre, UDC et MCG à poursuivre des discussions franches et constructives. Cela afin de bien établir l’existence, les conditions, les indépendances respectives et les collaborations constructives d’une alliance de droite pérenne, inspirant confiance et représentant une force électorale positive dans la conduite de la politique cantonale et dans la représentation du Canton à l’échelon fédéral. N’en déplaise aux réticents, c’est la bonne voie à suivre.

Loin d’une idée toxique de vengeance ou de représailles, j’invite les responsables des partis PLR, Centre, UDC et MCG à poursuivre des discussions franches et constructives.