À la rencontre des associations communales

INTERVIEW de Matthieu Steiner, Président de l’association PLR-GS, Conseiller municipal au Grand-Saconnex

Quoi de neuf dans votre commune du Grand-Saconnex ?

Actuellement, le Grand-Saconnex est engagé dans la révision de son plan directeur communal, dont la première version vient d’être rejetée par une large alliance de la droite, des indépendants et du centre.

Des infrastructures importantes sont en gestation dans la commune, notamment le tunnel des Nations qui ouvrira à la circulation cette année et les travaux du tram qui commenceront dans la foulée. La genèse de ces infrastructures a constitué des projets politiques de longue haleine, parfois initiés dans nos rangs comme le Tunnel des Nations, ou le projet du tram récemment soutenus avec succès en votation par notre parti. Ces chantiers ne sont pas sans nuisances, mais il est plaisant de voir des projets sortir de terre pour la qualité de déplacement de la population.

Politiquement le PLR n’est plus à la fête. Après la perte d’un siège à l’exécutif en 2015, nous avons perdu le second en 2020, ainsi que deux sièges au Conseil municipal. Nous nous retrouvons actuellement dans l’opposition.

Quelle est la spécificité de votre commune et comment y répondre ?

Les succès politiques récents pour le soutien au tram ou le rejet de la première version insatisfaisante du plan directeur communal en plénière ne doivent pas masquer notre situation politique. Nous sommes minoritaires fasse à un camp rose-vert qui occupe 48 % du parlement et au centre (PDC et groupe apolitique) dont les positions ne sont pas toujours lisibles. Il n’est donc pas aisé de faire passer nos projets et idées.

La densification et la transformation démographique des communes périurbaines n’est pas un virage aisé à aborder pour notre parti. Notre électorat traditionnel, parmi les propriétaires et les artisans, tend à être minorisé dans un territoire en croissance démographique rapide. La population saconnésienne a doublé depuis les années 1990, donnant à notre commune le statut de ville.

La création de grands quartiers à forte mixité et grande proportion de locataires, notamment subventionnés, fait augmenter l’électorat de gauche. Outre l’effet électoral, la recette fiscale par personne diminue. Augmentation de la population, d’avantage d’infrastructures publiques et de personnel communal pour servir les habitants, mais moins de revenus. La formule n’est pas durable et a fait passer le Grand-Saconnex d’une commune contributrice, à une bénéficiaire de la péréquation intercommunale.

Les lois actuelles sur l’aménagement et le logement poussent les communes dans les difficultés financières et sociales. Le PLR doit redoubler d’effort au niveau cantonal, car c’est à ce niveau que sont votées ces lois, pour permettre plus de logements pour la classe moyenne, notamment en PPE. Il faut également préserver la zone villa afin d’éviter l’hémorragie des propriétaires fonciers plus modestes vers la France. Il en va de la santé financière et sociale des communes périurbaines et de la présence de notre parti au sein de leurs instances politiques.

Un sujet d’actualité dont vous souhaitez nous parler ?

Notre parti, centré sur l’économie et la croissance, prête le flan aux attaques des écolo-coercitifs et autres décroissants de mauvaise augure. Le PLR doit se poser la question de la quantité et de la qualité pour redorer le blason de ses thèmes.

Par exemple, dans le cadre de la révision du plan directeur communal, sous couvert d’écologie à tous les niveaux, de préservations et protections diverses, le plan directeur attaque la mobilité individuelle motorisée et la liberté des propriétaires individuels de jouir de leur bien, dans le but, à terme, de couvrir notre secteur de logements sociaux, au détriment de l’environnement. Pourtant, qui de plus attentif à leur cadre de vie, à leur environnement, à leur commune que les propriétaires ? En somme la préservation de la zone villa, qui permet aussi les petits immeubles en PPE, c’est moins de logements et plus de qualité de vie.

Un autre thème concordant, cher au PLR, est la défense qualitative de l’aéroport tout en tenant compte des nuisances pour les riverains. La densité de logements autour de cet outil économique est une question complexe. Mieux vaut maintenir une zone villa existante qui offre une zone tampon entre la ville et l’aéroport. Quant à l’aéroport, souhaite-on pléthore de vols low cost sans liens économiques avec Genève, ou des destinations sélectionnées desservies par des flottes modernes et silencieuses ?

Un renforcement de la taxation graduelle des flottes en fonction de leurs nuisances sonores ou d’émission polluante devra être instauré. Le PLR, en soutenant ce genre de projet, améliore son image en soutenant l’économie et en défendant les riverains.

Qualité contre quantité est à mon sens la question capitale pour contrer la décroissance et les interdits prônés par nos opposants.

Quels sont les enjeux de votre commune dans les années à venir ?

Le PLR tient à lutter contre toute augmentation du centime communal et agite le spectre du référendum si la gauche devait faire évoluer la situation. Dans le contexte exposé plus haut le PLR estime que nous devons faire en sorte de maintenir un certain équilibre. Les postes du personnel communal ayant augmentés plus rapidement que la croissance démographique, cela doit
se stabiliser.

Sur le plan électoral, notre objectif est de revenir à l’exécutif en 2025 et de regagner un à deux sièges au Conseil municipal.

Quels sont les aspects les plus gratifiants et les plus difficiles dans votre fonction de président d’association ?

J’aime le lien que l’association crée entre les anciens et les nouveaux. Elle permet de faire passer l’histoire de notre commune, des gens et de la politique, entre les générations. Les membres qui ont par le passé siégé au Conseil municipal ou administratif ont toujours un œil aguerri qui permet de mettre les projets en perspective.

Je trouve le recrutement difficile. Le contexte ne nous est pas favorable et l’évolution de la commune, exposée plus haut, induit que les jeunes générations ne sont souvent que de passage pour quelques années dans notre commune. Trouver un équilibre générationnel dans notre parti n’est pas aisé.