"Siège 188" : passage de témoin

INTERVIEW de Christian Lüscher, Conseiller national sortant

J'ai adoré mes années en politique comme élu communal, puis cantonal, puis enfin fédéral. Mais il faut savoir tirer la prise.


VOUS QUITTEZ LE SIÈGE 188, UN MOT POUR VOTRE SUCCESSEUR ?

Prends autant de plaisir que moi à promouvoir tes idées et à servir ton pays.

QU’EST-CE QUI VOUS MANQUERA LE PLUS EN QUITTANT LE PALAIS FÉDÉRAL À BERNE ?

Tout : les séances de commission, les plénières, les amis, le brassage culturel, linguistique et géographique.

QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR VOTRE MANDAT ET SON ÉVOLUTION DEPUIS 2007 ?

Je porte un regard heureux sur mon mandat, car j'ai aimé chaque seconde de celui-ci. Ce qui évolue mal, c'est la médiocrité d'une certaine presse qui cherche le scoop avant tout et qui n'a aucune culture politique.

VOTRE VISION DE LA SUISSE ET DE NOS CONCITOYENNES ET CONCITOYENS A-T-ELLE ÉVOLUÉ DURANT VOTRE MANDAT ?

Oui, j'ai mieux compris les différences culturelles et donc politiques qui séparent les régions de notre pays. Je me suis aussi « patiné » sur bien des sujets sociétaux.

QUELLE AURA ÉTÉ VOTRE PLUS GRANDE RÉALISATION DURANT VOS MANDATS SUCCESSIFS AU CONSEIL NATIONAL ?

Difficile à dire ; mais en termes d'impact sur la population, certainement la loi Covid qui a été adoptée sous ma présidence de la Commission de l'économie et des redevances.

PARLEZ-VOUS LE SUISSE-ALLEMAND ?

Non, mais je le comprends. Je ne suis en revanche pas trop mauvais en Hochdeutsch.

LE RÖSTIGRABEN EXISTE-T-IL VRAIMENT ?

Oui, à un moment bien précis : celui de l'apéro.

REVENONS SUR CES ÉLECTIONS FÉDÉRALES : QUELLE EST VOTRE ANALYSE PERSONNELLE DES RÉSULTATS, POUR LE PLR MAIS ÉGALEMENT POUR L’ENSEMBLE DES PARTIS ?

Soyons réalistes : le PLR a sauvé les meubles mais n'as pas eu le succès attendu. L'UDC et les socialistes ont « surfé » sur les préoccupations actuelles, ce que nous n’avons peut-être pas su faire.

PENSEZ-VOUS QUE LA FORMULE MAGIQUE DEVRAIT ÊTRE REVUE ? EST-ELLE EN PÉRIL ?

Tant que nous n'avons que 7 conseillers fédéraux (et toutes les tentatives pour en augmenter le nombre ont échoué), la formule magique doit être préservée. Les Verts sont encore moins légitimes à revendiquer un siège qu'il y a quatre ans, même si nous leur ajoutons les Vert'libéraux, qui ont enfin tombé le masque en s'affichant objectivement à gauche, comme ils l'ont fait par leurs votes ces dernières années. Ce parti est à mes yeux une imposture.

COMMENT LA POLITIQUE POURRAIT-ELLE ÊTRE AMÉLIORÉE POUR MIEUX SERVIR NOS CONCITOYENNES ET CONCITOYENS ?

Comme disait Ronald Reagan : “if it ain't broken, don't fix it". Le système actuel marche très bien et il ne faut pas le changer. Il faut surtout veiller à ce que le Parlement fédéral reste composé de miliciens de droite (à gauche, cela est peine perdue).

ON VOUS DIT HYPERACTIF, UN ANIMAL POLITIQUE, COMMENT ALLEZ-VOUS NOURRIR CETTE PASSION TOUT EN ÉTANT LOIN DE LA COUPOLE ?

J'ai adoré mes années en politique comme élu communal, puis cantonal, puis enfin fédéral. Mais il faut savoir tirer la prise. Je reste avocat associé dans mon Étude ; je suis président d'une petite banque à Zurich et d'autres défis m'attendent.

Et j'aurai la chance au printemps de faire la Patrouille des Glaciers avec Hugues Hiltpold et Jacques Bourgeois, une équipe 100 % PLR, donc !

ET POUR FINIR, UNE NOTE PERSONNELLE : APRÈS LA POLITIQUE, LE THÉÂTRE ?

Après Zero Two Two et Les 11 Petites Nègres et le Bossu, j’ai joué au mois de novembre 2023 Silence on tourne avec les comédiens (qui n'ont d'amateurs que le nom) du Théâtre de l'Espérance. C'est une chance immense que d'être sur scène et de faire rire. Je n'exclus pas du tout de continuer !

Je porte un regard heureux sur mon mandat, car j'ai aimé chaque seconde de celui-ci.