Un budget 2024 de transition, mais peu satisfaisant

Par Yvan Zweifel

LE CONSEIL D’ÉTAT A PRÉSENTÉ SON PROJET DE BUDGET 2024, IL DÉPASSE POUR LA PREMIÈRE FOIS LES 10 MILLIARDS DE FRANCS. C’EST TROP. LE DÉFICIT ANNONCÉ DE 256 MILLIONS NE PEUT PAS NON PLUS NOUS SATISFAIRE. YVAN ZWEIFEL, DÉPUTÉ AU GRAND CONSEIL ET MEMBRE DE LA COMMISSION DES FINANCES, NOUS PRÉSENTE ICI UNE ANALYSE DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE NOTRE CANTON ET LES GRANDES LIGNES AFIN D’AMÉLIORER CE BUDGET ET DÉBUTER SEREINEMENT L’ANNÉE 2024.

Le budget dépasse, pour la première fois les 10 milliards, ceci pour presque 520 000 habitants.

PRÉSENTATION DU BUDGET 2024

Le Conseil d’État a présenté son projet de budget 2024 en le qualifiant de budget de transition. Comme chaque année serait-on tenté de dire, mais vu le changement de législature et de majorité au sein de l’Exécutif, cela se justifie effectivement.

Un budget qui dépasse pour la première fois les 10 milliards, ceci pour presque 520 000 habitants. A titre de comparaison, le budget 2024 de notre canton est identique à celui de la Ville de Paris qui compte 2,1 millions d’habitants (intra-muros), donc un budget par habitant quatre fois supérieur !

Le budget du canton de Zurich s’annonce à environ 18 milliards pour une population de 1,6 millions, soit 11 250 francs par habitant à Zurich contre 19 230 francs par habitant à Genève, une différence de 70 % sans avoir l’impression que les Zurichois perçoivent 70 % de prestations en moins.

DÉFICIT ANNONCÉ DE 256 MILLIONS

Le déficit annoncé de 25 millions ne peut évidemment pas nous satisfaire. C’est d’autant plus vrai au vu de la vitalité de notre économie qui permet une hausse importante des recettes fiscales de 7,2 %, ce qui devrait largement permettre d’offrir des prestations de qualité à notre population tout en freinant la hausse des charges pour enfin dégager des excédents permettant de diminuer notre dette qui reste la plus élevée du pays après Bâle-Ville.

Il faut toutefois remarquer que, grâce aux efforts menés par notre Conseillère d'État en charge des finances, Nathalie Fontanet, ce déficit ne dépasse pas le déficit maximum admissible suite à l’adoption de la RFFA (réforme de l’imposition des entreprises), ceci pour la première fois depuis l’adoption de cette réforme fondamentale.

En ce sens, le PLR respectera son engagement lié au vote populaire de 2019 concernant le déficit admissible. Par ailleurs, l’excellente situation fi nancière du canton due à une économie florissante et, précisément, à l’entrée en vigueur de la RFFA, clôt le débat à ce sujet, puisque de l’avis même du Président du Conseil d’État, Antonio Hodgers : « La RFFA a été largement absorbée et s’avère plus que positive pour Genève ».

ANALYSE ET PISTES D’AVENIR

L’effort fourni pour les personnes morales doit maintenant aussi bénéficier aux personnes physiques qui, en période de hausse des charges, notamment énergétiques ou liées aux primes d’assurance maladie, souffrent et doivent pouvoir profiter d’un bol d’air fiscal bienvenu. Le PLR s’engagera en ce sens, dans l’esprit de son projet de loi 12247 visant une baisse de 5 % de la fiscalité pour tous, à diminuer enfin la pression fiscale de tous les Genevois. Il s’efforcera également de faire voter le plus promptement possible le projet de loi 13345 visant à alléger la fiscalité de l’outil de travail qui touche directement les entrepreneurs de notre Canton.

Par ailleurs, le PLR regrette amèrement de n’avoir pas été entendu lors de précédentes années fastes qui auraient dû permettre de mettre de côté des moyens, notamment en diminuant notre dette, afin d’être prêt, lors de crises graves, pour aider efficacement notre population. Il est piquant d’écouter aujourd’hui la gauche s’égosiller contre la hausse des coûts de l’énergie ou des primes d’assurance-maladie et demandant avec force des moyens supplémentaires pour aider les plus précarisés, alors qu’ils ont voté pendant des années des dépenses aussi somptuaires qu’inutiles, en arrosant notamment la fonction publique, ce qui diminue d’autant les moyens à disposition maintenant.

Malgré cette situation positive en matière de revenus pour l’État, le PLR regrette l’importante augmentation des postes, 356 nouveaux équivalents temps-plein, qui dépasse largement la hausse de la population. Si une partie de cette augmentation s’explique par la démographie des élèves et la crise migratoire qui nous contraindra à accueillir des milliers de réfugiés, il est urgent de fournir des efforts structurels, afin de stopper le gonflement massif des effectifs de la fonction publique. Le PLR étudiera attentivement chacun de ces postes pour s’assurer qu’ils sont effectivement nécessaires sur le terrain et qu’ils offriront réellement des prestations utiles à notre population. Le PLR se réjouit en outre de prendre connaissance du projet de législature ainsi que des mesures structurelles liées au fonctionnement de l’État qui seront prévues par le gouvernement.

Le Conseil d’État a retrouvé une majorité de droite et le parlement a vu cette même majorité être renforcée. A cet égard, si nous sommes prêts à étudier ce budget et à l’améliorer pour débuter sereinement l’année 2024, il est fondamental d’enfin revoir l’organisation de l’État et le catalogue des dépenses pour s’assurer qu’elles sont justifiées et qu’elles apportent quelque chose à la population, notamment ceux qui souffrent aujourd’hui en voyant leur pouvoir d’achat être largement péjoré. Le peuple nous a donné une mission claire pour ces cinq prochaines années et nous ne pouvons pas le décevoir. Cette mission commence avec ce budget 2024.

Il est fondamental d’enfin revoir l’organisation de l’État et le catalogue des dépenses pour s’assurer qu’elles sont justifiées et qu’elles apportent quelque chose à la population.