Appel à la grève du Cartel syndical de la fonction publique : explication de texte

Comme député et citoyen, j'ai lu avec intérêt l'appel à la grève adressé par le Cartel syndical en vue de la mobilisation des 4  et 14 décembre.

Ce document mérite quelques commentaires, paragraphe par paragraphe, fondés sur des chiffres réels :

«

Budget 2018 et Plan Financier Quadriennal : des besoins en hausses,

mais des postes en moins ! La santé, le social, l'éducation au bord de

l'implosion…. Il faut couper en prévision de PF 17. »

Le

budget 2018, tel qu'adopté par une majorité de centre-gauche de la

Commission des finances lors de sa séance du 29 novembre, prévoit des

dépenses supérieures à 8,3 milliards et un déficit de 186 millions. Il

inclut la création d'environ 300 postes supplémentaires à l'Etat. Par

ailleurs, il accorde une annuité complète à la fonction publique, ce qui

représente une progression salariale conséquente, inconnue dans le

secteur privé. On ne peut pas parler d'un budget d'austérité !

Le

Plan Financier Quadriennal (PFQ) présenté par le Conseil d'Etat intègre

avant tout un transfert de charges aux communes (80 millions) et des

augmentations d'impôts (limitation de la déductibilité de l'assurance

maladie pour 35 millions, augmentation de la taxe sur la plus-value

foncière pour 15 millions et réévaluation du patrimoine immobilier pour

100 millions). En ce qui concerne la fonction publique, il n'est

question que d'ouvrir le débat avec les organisations représentatives du

personnel pour examiner diverses mesures, avec à la clé une économie «

potentielle » de 44 millions. On est donc bien loin du démantèlement de

l'Etat !

« Projet Fiscal 17 (PF 17, nouveau nom de la RIE III) : 800

millions de cadeaux pour les grosses entreprises : 10% du budget de

l'état en cadeaux aux actionnaires et 10% d'économies dans les

prestations ! »

Pour rappel, le Projet Fiscal 17 (PF 17) a été lancé par la

Confédération suite à l'échec de la votation populaire relative à RIE

III le 12 janvier 2017. Le PF 17 comporte un volet fédéral, soumis à une

procédure de consultation, et un volet cantonal. En substance, il est

prévu de supprimer les statuts fiscaux cantonaux dont bénéficient

certaines entreprises afin de se conformer aux standards internationaux.



A Genève, le Conseil d'Etat a présenté un projet cohérent qui

prévoit notamment la fixation d'un taux d'imposition unique de 13,49%,

alors que le taux d'imposition ordinaire actuelle atteint 24,2%. La

feuille de route du Gouvernement genevois comporte aussi diverses

mesures d'accompagnement, en particulier dans le domaine de la formation

et de l'innovation.

Il faut insister sur le fait que cette

indispensable réforme conduira à une augmentation substantielle de la

fiscalité pour les entreprises qui bénéficient actuellement de statuts

fiscaux. Par ailleurs, les PME locales compteront parmi les

bénéficiaires de la baisse du taux ordinaire.

Mais une chose est sûre, le chiffre de 800 millions de pertes fiscales avancé par le Cartel ne repose sur aucune base sérieuse !

Le canton de Vaud a bien compris les enjeux. En effet, il vient

d'annoncer qu'il allait appliquer un taux d'imposition unique de 13,79% à

compter du 1er janvier 2019, quel que soit l'état d'avancement du

dossier au niveau fédéral.

Le Cartel pense-t-il vraiment que les

entreprises resteront à Genève avec un taux d'imposition de 24,2% alors

qu'elles pourront bénéficier d'une imposition à 13,79% à Mies, Nyon ou

Lausanne dès 2019 ?

Poser la question, c'est y répondre !

«

LTrait (Score) : une loi antidémocratique : elle empêche tout contrôle

sur la grille des salaires ! Inéquitable : elle encourage les inégalités

de traitements et permet de modifier les salaires annuellement en

fonction du marché et des besoins d'économies de l'Etat ! »

Le

projet SCORE a pour but de moderniser un statut de la fonction publique

dont chacun admet le caractère fondamentalement obsolète. De plus, il

entraînera, dans sa phase de mise en place, une hausse conséquente de la

masse salariale, avoisinant les 60 millions.

Ici non plus on ne saurait parler d'atteinte aux sacro-saints acquis sociaux !

« Caisse de Pension de l'Etat de Genève (CPEG) : Cotiser plus pour gagner moins à la retraite… »

Face

à situation calamiteuse de la CPEG, dont le taux de couverture atteint à

peine 60%, le Conseil d'Etat a pris le taureau par les cornes et

proposé un plan de sauvetage ambitieux. Il prévoit d'injecter environ

4,7 milliards pour renflouer ce navire en perdition. Une partie

importante de cette somme colossale sera assumée par les contribuables,

qui devront cracher ainsi une deuxième fois au bassinet, après la 1ère

réforme de 2013. Cette opération sera logiquement assortie du passage

d'un système de primauté des prestations à celui de primauté des

cotisations, tel qu'il est pratiqué dans l'immense majorité des caisses

de pension helvétiques.

Dans ces circonstances, comment le Cartel

ose-t-il encore réclamer le maintien du système de primauté des

prestations, alors que la plupart des salariés du privé ne bénéficient

pas d'un plan de prévoyance aussi généreux ?

« Pour une autre Genève ! »

Tel est le titre du tract du Cartel intersyndical.

La

Genève qui nous est proposée est celle dont les dépenses publiques

continuent de croître de manière incontrôlée, dont la dette explose

au-delà d'un montant déjà stratosphérique de 12 milliards, dont les

contribuables personnes physiques et morales fuient face à une fiscalité

déraisonnable et dont la Caisse de pension étatique sombre corps et

biens faute d'une réforme acceptable.

Cela vous tente ?