Brexit: on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre !


 

Durant l'été, les grands quotidiens suisses et étrangers ont publié

pléthore d'articles relatifs aux conséquences potentielles du Brexit sur

la place financière londonienne. Chacun y va de son analyse sur les

places financières européennes qui pourraient accueillir les futurs

exilés de la City.

Le 2 août, « Le Temps » fait référence à une étude du cabinet de

consultants Oliver Wyman qui estime à près de 40'000 le nombre de postes

que la place de Londres pourrait perdre dans l'exercice.

Mais au profit de qui ?

Selon la plupart des observateurs, Francfort a clairement le vent en

poupe. La ville allemande a notamment les faveurs des grands groupes

financiers américains, japonais, allemands et…suisses (voir à ce propos

les chiffres présentés par la « NZZ » du 3 août et « Les Echos » du 21

juillet).

Dans ce combat de titans, Paris souhaiterait bien tirer quelques

marrons du feu. Mais la Ville Lumière ne part pas favorite et souffre de

lourds handicaps, que les récentes et vibrantes professions de foi des

politiciens locaux en faveur de la haute finance (il y a peu de temps

encore vouée aux Gémonies...) ne suffiront pas à surmonter. Dans « Le

Monde » des 15 et 16 août, le délégué de Paris Europlace relève que « La

place de Paris a sa carte à jouer, à conditions, cependant, que les

réformes annoncées – réduction de l'impôt sur les sociétés et de l'impôt

de solidarité sur la fortune (ISF), droit du travail, réduction de la

taxe sur les salaires, meilleurs stabilité réglementaire (…) soient

mises en œuvre rapidement ».

A ce jour, seules les grandes banques françaises et HSBC envisagent

de transférer des activités des rives de la Tamise à celles de la Seine.

Le nouveau Gouvernement français ne ménage toutefois pas ses efforts

pour vanter Outre-Manche les atouts de Paris. Dans l'article précité, «

Le Monde » nous apprend que le Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de

l'économie et des finances se rendra à Londres prochainement pour

convaincre les acteurs de la finance d'installer des équipes dans

l'Hexagone.

Cet activisme parisien n'est pas du goût des Britanniques qui, comme

le révèle « Le Temps » du 24 juillet, accusent la France de chercher à

profiter du Brexit pour affaiblir la City.

La City ne compte d'ailleurs pas se laisser déplumer sans broncher.

Son organe de presse attitré, le « Financial Times », insiste, dans son

édition du 25 juillet, sur le fait que plusieurs banques privées

prévoient d'augmenter leurs équipes à Londres.

Mais revenons à la France. La fiscalité des entreprises occupe le

centre du débat, comme l'a rappelé Paris Europlace, lobby de l'industrie

bancaire. Or, le vent ne souffle pas forcément dans le bon sens en ce

qui concerne les grandes entreprises.

En effet, « Le Figaro » du 17 août nous informe que le Gouvernement

envisage d'augmenter temporairement la contribution sociale de

solidarité des sociétés (C3S) des grands groupes. Le quotidien français

relève à cet égard que « les entreprises parmi les plus pénalisées par

le C3S ne sont autres que les banques et les assureurs. Précisément des

secteurs que le gouvernement veut attirer à Paris après le Brexit ».

On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre !