Cyril Aellen et la collégialité

Le matériel de vote pour l’élection complémentaire au Conseil d’Etat arrive chez les électeurs. Le vote par correspondance commence. Les débats entre les candidats se succèdent. Il est temps de fixer son opinion. La nôtre est faite. Voter Cyril Aellen. Il y a plusieurs raisons assez logiques. Il serait normal de continuer la représentation des familles politiques issue de la dernière élection générale. Le PLR y avait obtenu deux sièges, ce qui correspond à sa force électorale dans le Canton.

Oui, mais voilà! Cette élection complémentaire est due aux péripéties de l’affaire Maudet. L’homme fera face à un procès dans les jours qui viennent. On verra bien ce qui en ressortira. Ce n’est pas le sujet ici. De toute manière, désormais hors parti, il a démissionné du Gouvernement , en se portant aussitôt candidat. Il recherche une réhabilitation et une onction populaire. Précisément, il y a des citoyens, heurtés par ce qu’ils ont ressenti comme étant un acharnement contre lui, une chasse à l’homme excessive, qui vont voter pour lui. A ceux-là , indépendamment ici de tout commentaire sur l’affaire, nous disons qu’ils commettront une faute politique.

En guise d’illustration de cette faute, évoquons le débat qui a opposé , sous l’orchestration très professionnelle de Pascal Decaillet, Pierre Maudet, le candidat désormais sans parti, et Cyril Aellen, le candidat officiel du PLR. Deux hommes intelligents, connaissant très bien leurs dossiers, ayant des idées, proposant des pistes d’action dans la situation difficile actuelle. Plusieurs sujets ont été discutés. Il y avait des différences d’analyses, d’approches ici ou là. Parfois des nuances. Mais, sur l’essentiel, nombre de convergences. Alors quoi? Deux candidatures qui politiquement se valent? Eh bien non. Cyril Aellen n’a pas seulement le mérite de la compétence, d’avoir été qualifié de meilleur député du Grand-conseil. Il n’est pas seulement reconnu comme étant un homme politique affichant clairement ses convictions et ses positions. Il n’a pas seulement une personnalité forte. Il est aussi un politicien imprégné de l’esprit de nos institutions. Il ne prétend pas être on ne sait quel homme providentiel. Il sait, qu’une fois des positions clairement exprimées, il faut bâtir des ponts, dégager des équilibres politiques, construire des compromis. En fait, dans notre démocratie, on désigne les acteurs de diverses couleurs politiques qui doivent, autant que possible, viser à la fin une certaine unité d’action. C’est surtout vrai à l’échelon du Gouvernement. A ce niveau, on parle d’une exigence de collégialité.

Or, à la fin du débat que nous évoquons, Pierre Maudet, habité sans doute par de grosses rancunes, s’est soudain lâché: "La collégialité on s’en fiche", s’est il écrié devant un Pascal Decaillet sidéré. Cela permit à Cyril Aellen de dire que lui entendait, certes, exercer toute son influence au sein du Conseil d’Etat, mais dans le respect du fonctionnement collégial qu’exige notre Constitution. C’est un élément clé de l’éthique attendue d’un gouvernant dans notre pays et notre canton.

Ah, certes, le Conseil d’Etat n’est pas le club sourire réunissant des amis personnels. Il y a et il y faut des confrontations d’idées. Mais, à la fin, les sept membres de l’exécutif, dans une ambiance au moins de respects réciproques, doivent toujours garder la conscience du devoir de collégialité. Dès lors, il est évident que Cyril Aellen est l’homme de cette configuration. Il porte en lui l’espoir d’un retour à plus de confiance politique. On en a bien besoin.

Ceux qui, —souvent par solidarité, irritation devant les attaques, fidélité à des amitiés personnelles—, voteront pour le candidat hors parti ne contribueront très probablement pas du tout à son élection. En revanche, ils ôteront des voix à Cyril Aellen et favoriseront, du même coup, la candidate gauche-verte qui s’en frotte déjà les mains. Est-ce le résultat souhaité que de modifier ainsi l’équilibre politique au Conseil d’Etat? Réfléchissez à deux fois avant de commettre la faute. Oui, il est temps que chacun, surmontant éventuellement des réactions émotionnelles, se concentre sur un raisonnement cernant l’enjeu. La conjonction nécessaire entre une famille politique à représenter, la compétence personnelle, la capacité à jeter des ponts, la diffusion de la confiance, l’esprit d’équipe, la conscience du devoir de collégialité au Gouvernement: oui tout cela a un nom: Cyril Aellen.  

Jacques-Simon Eggly