Donnons-nous les moyens de lutter contre le terrorisme!

Les attentats de Paris doivent nous faire réfléchir. Ils surgissent après les attaques terroristes dans la même ville de janvier et celles récentes d'Istanbul et de Beyrouth. Nous ne voyons pas pour quel motif cette macabre série devrait soudainement s'arrêter ni pour quelle raison ces violences absurdes ne toucheraient pas d'autres pays européens. 

Certes, la France est en première ligne en Syrie et au Mali. Cependant, il apparaît que ces combattants ont, avant tout, la haine de notre société occidentale et de ce qu'elle représente de tolérance, de respect et de liberté. Déboussolés dans leur identité, sans repère idéologique, sans attache dans les villes qui les ont vus naître, ils sont à la merci du premier venu qui saura leur donner une cause à défendre, surtout si celle-ci revêt les habits d'une croisade religieuse. Notre pays n'est donc pas à l'abri et nous devons apporter immédiatement des réponses à ces menaces.

Tout d'abord, défendons nos valeurs. En effet, notre meilleure réponse sera de montrer que notre société sait répondre avec calme, détermination et pondération au terrorisme. Que notre mode de vie et surtout notre tolérance envers les minorités ne sont pas remis en question. Le terrorisme islamique qui a frappé ne représente pas la religion musulmane et son milliard de fidèles. Ces fous de dieu cherchent à créer une guerre de civilisation ou de religion. La meilleure manière de leur répondre est d'éviter de tomber dans le piège qu'ils nous tendent. Pour cela, nous aurons besoin d'une attitude responsable de notre classe politique qui devra se garder d'exploiter les peurs bien compréhensibles de la population. Plus encore, une réaction forte, constante et unanime des autorités religieuses musulmanes sera indispensable pour dénoncer et condamner ceux qui prêchent la haine et manipule les plus fragiles. 

Par ailleurs, la Suisse doit se donner les moyens de lutter contre le terrorisme, que ce soit par le renforcement des moyens policiers et judiciaires ou, surtout, de nos divers textes légaux. Nous ne pouvons conserver des lois qui rendent aveugles et sourds nos divers services de police. Or, aujourd'hui, il est quasiment impossible pour nos services secrets de procéder à des écoutes téléphoniques.

Avant tout, notre défi est maintenant de moderniser notre arsenal juridique et sécuritaire, sans pour autant remettre en cause notre sphère privée. A cet effet, la nouvelle loi sur le renseignement (LRens) remplacera les bases légales en vigueur qui ne sont plus adaptées aux risques et aux dangers de notre temps. Elle protégera la Suisse des menaces actuelles telles que, outre le terrorisme, l'espionnage, la prolifération des armes ou les attaques contre des infrastructures critiques. 

Si cette loi est donc nécessaire pour améliorer notre sécurité, elle est cependant encore insuffisante. Elle doit être accompagnée de mesures permettant de lutter plus efficacement contre le danger terroriste, en particulier en collaborant avec l'Union européenne. A cet égard, nous nous devons d'avoir un Conseil fédéral qui adapte l'outil sécuritaire aux menaces d'aujourd'hui et une Assemblée fédérale qui ne joue pas avec la sécurité pour des motifs électoralistes. On rappellera ainsi le refus par certains partis de la loi sur l'armée ou encore le refus systématique des partis de gauche d'augmenter son budget.

En la matière, l'action du PLR ne date pas d'aujourd'hui. A cet effet, on citera l'intervention parlementaire du conseiller national Christian Lüscher visant à l'adoption d'une disposition pénale réprimant le terrorisme. Cette initiative, adoptée il y a quelques semaines par la commission de la politique de sécurité du Conseil national, vise à rendre explicitement punissables les actes préparatoires délictueux ainsi que l'apologie du terrorisme, faits dont les bases légales en vigueur ne tiennent pas assez compte. Cette décision fait aussi suite aux travaux menés par la task-force TETRA sur la lutte contre le terrorisme en Suisse, notamment l'augmentation croissante du nombre de candidats au djihad.


Nous ne devons pas attendre d'être dépassé par l'actualité pour réagir. Nous devons aujourd'hui nous donner les moyens d'action pour prévenir des drames. Ceci passe par une acceptation de la loi sur le renseignement ainsi qu'une réelle prise de conscience sur les moyens que nous nous devons d'attribuer à l'amélioration de notre sécurité.

Alexandre de Senarclens

Président du PLR Genève

Article paru dans Le Temps, le 20 novembre 2015