Grève de la fonction publique : une forme de provocation !

Alors que la grève de la fonction publique bat son plein, les messages les plus divers fleurissent sur les réseaux sociaux et dans les tracts distribués aux élèves ainsi qu'à leurs parents.

On peut notamment lire des appels à des « conditions de travail décentes » pour les serviteurs de l'Etat genevois.

A cet égard, l'émission TTC du 9 novembre 2015 est édifiante.

On apprend qu'une enseignante dans le primaire à Neuchâtel touche un salaire brut de CHF 4'691.- (CHF 3'915.- net) en début de carrière, alors que son homologue genevoise bénéficiera de CHF 7'462.- bruts (CHF 6'254.- nets). La différence est donc d'environ 60% au profit de l'enseignante genevoise.

Rappelons au passage que le salaire médian dans le secteur public à Genève était de CHF 8'666.- par mois en 2012, alors qu'il était de CHF 7'042.- dans le secteur privé. L'écart est donc de 23%.

La contestation des fonctionnaires genevois porte aussi sur l'augmentation prévue du temps de travail qui passerait de 40 à 42 heures par semaine. Or, la durée de travail hebdomadaire moyen à Genève est de 40,9 heures, tous secteurs confondus. En Suisse, cette moyenne atteint 41,6 heures. L'effort demandé à Genève n'est donc pas surhumain.

Dans un tract rédigé par l'Association du personnel du Cycle d'Orientation de Pinchat, on peut lire que « le Conseil d'Etat réduit de 1% les charges de personnel pour la 4ème année consécutive ». Cette affirmation est tout simplement fausse. A l'occasion de la présentation du projet de budget 2016, le Conseil d'Etat a rappelé que les charges de personnel étaient en hausse de 0,5% par rapport à 2015. Depuis 2010, la hausse des charges de personnel a atteint 12% !

Dans un autre tract, émanant de la Société Pédagogique Genevoise (SPG), il est question de suppression de postes au DIP. Or, le budget 2016 prévoit 15'870 postes pour l'Etat, ce qui représente une augmentation de 119 postes par rapport au budget 2015. Le DIP bénéficiera de 102 postes supplémentaires. Depuis 2010, les effectifs de la fonction publique ont augmenté de 15%.

Pour faire bonne figure, il ne faut pas négliger le fait que les contribuables genevois ont été fortement sollicités pour renflouer la caisse de prévoyance de la fonction publique. A ce titre, un montant coquet de CHF 800 millions a été versé d'un coup en 2013. Il faut y ajouter des paiements annuels supérieurs à 100 millions pendant 40 ans. On parle d'une somme globale de CHF 6,3 milliards !

Ne perdons pas de vue que la situation financière du canton est plus que précaire. Fin 2014, la dette atteignait le montant stratosphérique de CHF 13,4 milliards, un record absolu parmi les cantons suisses. Des mesures structurelles crédibles doivent impérativement être prises pour diminuer le train de vie vorace de l'Etat et maîtriser un endettement qui est devenu simplement insoutenable.

Au vu de ce qui précède, il apparaît que les fonctionnaires genevois sont loin de vivre dans la précarité. Le droit de grève est certes inscrit dans la Constitution genevoise, mais, au vu des circonstances, son usage relève d'une forme de provocation !