La mère de toutes les batailles

En février, les Suisses sont appelés à se prononcer sur la fiscalité des entreprises et à l'automne, les Genevois détermineront les règles cantonales en la matière.

Depuis plusieurs années, j'affirme qu'il s'agit de la mère de toutes les batailles.

Genève accueille en effet des entreprises qui gèrent ici des activités internationales, et paient donc ici leurs impôts, créent ici des emplois souvent très bien rémunérés et qui produisent donc aussi ici des recettes fiscales déterminantes.

En raison de leurs activités internationales et exportatrices, ces entreprises ne paient pas les mêmes impôts (8%) que les entreprises locales (24%). C'est injuste. Et même si la Suisse et Genève ne sont pas seuls à pratiquer ainsi, cela sera interdit, dès 2019, par l'ensemble des pays occidentaux, au nom de l'équité fiscale.

Si nous ne nous conformons pas à ces nouvelles règles, la sanction sera immédiate. Nos entreprises devront payer alors des impôts à double, à Genève où elles travaillent et à l'étranger où elles vendent.  Pour éviter cette double imposition, elles seront contraintes de déplacer leur siège dans un pays qui respecte les nouvelles règles. Et elles auront l'embarras du choix, puisque tous les pays occidentaux auront adapté leur système. Si nous ne faisons rien, même la France, pays réputé pour assommer ses entreprises de charges, sera plus favorable que Genève…

Nous avons donc décidé de respecter ces règles internationales. Nous avons proposé un taux unique et équitable:  13,49 %. Pour les entreprises locales, les impôts diminueront, ce qui, dans le contexte actuel du franc fort, sera bienvenu.  Pour les entreprises internationales, les impôts augmenteront, mais dans des proportions qui resteront comparables avec les autres pays qui cherchent à les attirer.

J'aime Genève par-dessus tout et je suis fier de ce qu'elle offre à ses habitants. Ceux qui auront voyagé – même à quelques dizaines de kilomètres d'ici – savent qu'aucune ville aussi petite au monde n'offre autant à ses habitants:  un nouvel hôpital universitaire dès mars prochain, des soins accessibles à tous, sans attente, par des médecins les mieux formés, une faculté de médecine flambant neuve, des prestations sociales incomparables y compris avec les autres cantons suisses,  des établissements pour personnes âgées offrant ce qu'il y a de meilleur, 16 km de nouvelles lignes de train/métro  en construction autour de 5 nouvelles gares, dont une accueillera un nouveau théâtre, des activités culturelles foisonnantes, un opéra qui se rénove, une Cité de la musique qui va voir le jour, 185 écoles et un système de formation totalement gratuit qui  a fait ses preuves, un aéroport et Palexpo. Et en prime, ce que Genève offre au monde: un espace de négociations pour la paix.  Parce que nous avons, aussi, cette responsabilité.

A ceux qui se demandent quel est le rapport entre le début et la fin de mon texte, je leur demande de réfléchir quelques instants:  croyez-vous sincèrement que Genève pourra continuer à offrir tout cela sans des entreprises prospères ?