La voie solitaire n'est pas dans l'ADN de la Suisse!

C'est sous le slogan mensonger de l'autodétermination que l'initiative du 25

novembre prochain tentera de séduire la population et les cantons. Mais

on ne doit pas tomber dans le piège : ce texte est une bombe en

puissance. En cas d'application, il risque de faire péricliter des

siècles de bonnes relations de la Suisse avec le reste du monde. En

instituant la primauté du droit helvétique sur le droit international,

c'est une balle dans le pied que se tirerait Dame Helvétie, à l'image du

dessin de campagne des opposants. La récente mobilisation des

entrepreneurs romands devant les médias le prouve, l'enjeu est

déterminant non seulement pour la diplomatie, mais pour toute notre

économie.

Si la faitière economiesuisse a lancé sa

campagne de façon si active, c'est que plus de 600 traités sont

menacés, couvrant des sujets allant du commerce à la propriété

intellectuelle. En fait, on estime à 97 000 le nombre d'entreprises

bénéficiant chaque jour des avantages de ces traités. Bien que non

membre de l'UE, notre pays s'est bâti sur un astucieux réseau de

coopération. Ignorer ce cadre juridique revient à ignorer la réalité des

activités nationales : 9 entreprises exportatrices sur 10 sont des PME

et la Suisse gagne près de 2 francs sur 5 à l'étranger ; à Genève, c'est

même un franc sur deux. On n'ose pas imaginer les mesures de rétorsion

qui découleraient d'une acceptation, alors même que Berne tente de

calmer le jeu avec Bruxelles. Comment un petit patron genevois serait-il

crédible auprès de son client étranger, qui serait considéré comme un

partenaire inférieur, voire indésirable ? On ne peut pas dire que le

peuple suisse doive se plier sans sourciller à la vindicte d'instances

internationales. Comment expliquer sinon qu'il ait pu refuser l'EEE en

1992 et accepté d'adhérer à l'ONU en 2002 ? Notre Constitution autorise à

se défaire d'un traité le cas échéant sans qu'on ait à tout détricoter.

L'expérience de février 2014 sur

l'immigration de masse ne doit pas se répéter. Les dégâts d'image qui en

ont suivi ont été désastreux. Quant aux dégâts sur l'économie, n'en

parlons pas. Selon un rapport fédéral, ce texte aurait coûté 1,4

milliard à la seule recherche nationale, puisque de 2014 à 2016, l'accès

au programme européen Horizon 2020 avait été quasiment verrouillé.

Il n'y a pas que la droite patronale qui

se batte contre cette initiative, mais un comité représentant tout

l'éventail politique. Contrairement à ce que pensent les

isolationnistes, la voie solitaire ne figure pas dans l'ADN de la

Suisse. La politique étrangère doit se baser sur des rapports de

confiance et non de force. Vous l'aurez compris, la CCIG va se mobiliser

jusqu'au dernier jour pour que l'on vote NON le 25 novembre prochain!