Le Cartel intersyndical est-il encore un partenaire de négociation ?

Fruit d'une longue tradition de négociation entre représentants des employeurs et des employés, le partenariat social est incontestablement une des forces de la Suisse. C'est une culture précieuse qu'il convient d'entretenir, de renforcer, et dont les conditions préalables doivent en tout temps être respectées. Ainsi, l'établissement d'un dialogue constructif nécessite une prise de responsabilité des acteurs concernés ainsi qu'une volonté ferme et réciproque de parvenir à un accord raisonnable. Celui-ci doit être envisagé en fonction de ce qui est possible et souhaitable, non seulement pour les personnes dont les intérêts sont défendus, mais aussi plus généralement pour le bien public. La présence de syndicats forts et représentatifs est généralement une des clés du succès de ce processus délicat. À l'inverse, un syndicat peu représentatif aura tendance à montrer ses muscles pour tenter de légitimer son existence et son utilité, parfois même aux dépens de celles et ceux qu'il est censé représenter. 

Le bras de fer qui est en train de s'installer entre le Cartel intersyndical et l'Etat de Genève donne la désagréable impression que le Cartel s'enferme dans une posture d'opposition et refuse toute forme de dialogue. Qu'il s'agisse du projet SCORE (mise à jour de la grille salariale des employés de l'Etat) ou de la réforme de la CPEG (recapitalisation de la caisse de pension), la même attitude a réduit à néant toute chance de négociation. Feignant d'ignorer la nécessité absolue de ces réformes, même sur le fond, le Cartel a d'emblée laissé entendre que peu importe ce que proposerait l'Etat, sa réponse se résumerait à un refus cinglant et sans appel. Rappelons qu'il s'agit, dans un cas comme dans l'autre, d'enjeux majeurs pour l'attractivité de la fonction publique et pour les finances de notre canton. La posture d'évitement du Cartel ne rend service ni aux fonctionnaires ni aux habitants de notre canton. 

Visiblement enclin à l'escalade des tensions, le Cartel menace désormais de faire grève si le Conseil d'Etat ne répond pas à ses revendications. Mais quelles sont-elles ? Retirer les deux projets de loi, tout simplement, et ne rien faire. Ces méthodes révèlent non seulement un manquement grave à la responsabilité qui lui incombe mais aussi un mépris manifeste des principes élémentaires de la négociation et du partenariat social. Les employés de la fonction publique se reconnaîtront-ils dans cette démarche contre-productive et jusqu'au-boutiste ? Rien n'est moins sûr.