​Le Cycle de Désorientation

Dans le cadre des grèves à répétition qui ont agité la fonction publique genevoise, les enseignants du Cycle d'Orientation se sont montrés particulièrement mobilisés et vocaux.

Certains d'entre eux ont distribué des tracts à l'attention des parents d'élèves pour tenter de justifier leur action. Les arguments avancés sont souvent faux, voire stupéfiants.

A titre d'exemple, on peut se référer au pamphlet émanant du Cycle d'Orientation de Pinchat qui affirme tout de go que « dans le cadre du Budget 2016, le Conseil d'Etat réduit les prestations à la population afin de verser aux banques les intérêts de la dette (200 millions de francs en 2015)… »

On rappellera tout d'abord ici que le budget 2016 présenté par le Gouvernement prévoit une augmentation de 119 postes au sein du petit Etat, dont le principal bénéficiaire est précisément le Département de l'Instruction Publique. A cela s'ajoute que les charges globales sont en croissance de 0,9% par rapport à 2015. On est loin de l'austérité et de la baisse des prestations publiques !

Le message des militants est préoccupant lorsqu'il aborde la question de l'endettement du canton. En un mot, les enseignants s'offusquent du fait que l'Etat honore le paiement des intérêts générés par la dette. Plaident-ils pour un défaut de paiement ? On a vu où de tels errements pouvaient conduire des Etats comme l'Argentine et, plus près de nous, la Grèce.

Ont-ils perdu de vue que cet endettement stratosphérique, dépassant les CHF 13 milliards, a servi notamment à payer leur salaire, (plus que coquet en comparaison intercantonale et internationale) et à renflouer leur caisse de pension au bord du gouffre ?

Pour eux, le pire est que ces intérêts puissent être versés à des BANQUES ! Leur méconnaissance des mécanismes de financement est affligeante. En effet, ces dernières années, pour assurer son train de vie déraisonnable, le canton de Genève a de plus en plus souvent eu recours à des emprunts publics, afin de pouvoir toucher un vaste cercle d'investisseurs, dont des particuliers, des fonds de placements et d'autres investisseurs institutionnels. Les BANQUES ne sont donc de loin pas les seules créancières de l'Etat genevois.

Mais le discours des enseignants crée un malaise plus profond. Il tend à jeter l'opprobre sur les BANQUES, comme s'il s'agissait de prédateurs sanguinaires. Peut-être faut-il attirer leur attention sur le fait que les 119 établissements bancaires présents à Genève procurent près de 19'000 emplois à très haute valeur ajoutée, que la place financière dans son ensemble représente environ 17% du PIB genevois et génère plus de 20% des recettes fiscales du canton et des communes. En substance, c'est environ 20% du salaire des enseignants qui est couvert par les impôts versés par cette industrie. Quand on sait que plus de 30% des contribuables genevois ne paient pas un centime d'impôt, cela démontre l'importance vitale de l'apport du secteur en question.

Enfin, ne perdons pas de vue que le Cycle d'Orientation est censé conduire les élèves vers la vie professionnelle. Pour les enseignants, les emplois bancaires sont-ils pestiférés ? A lire leur prose vindicative, on pourrait le croire. Cela demande des éclaircissements de la part du DIP !