RIE III : dérapage syndical

 

Lors de l'émission "Infrarouge" du 11 janvier 2017 consacrée à la

troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III), Alessandro

Pelizzari, responsable du syndicat UNIA à Genève et opposant féroce à

cet indispensable projet, a déclaré: "Oui, certaines entreprises

risquent de partir. Mais on peut s'en passer".

On parle ici de

sociétés bénéficiant actuellement à Genève d'un statut fiscal spécial

qui disparaîtrait en cas d'acceptation de la RIE III. Ces entreprises

génèrent 22'000 emplois directs et 1,1 milliard d'impôts cantonaux et

communaux.

Dans le cadre de la concrétisation de la RIE III à

Genève, il est prévu de fixer un taux d'imposition unique pour toutes

les entreprises, conformément aux standards internationaux en la matière

qui réclament une telle égalité de traitement. Le Conseil d'Etat a

ainsi prévu un taux de 13,49%, qui représente une augmentation sensible

de la fiscalité pour les sociétés à statut, imposées actuellement en

moyenne à 11,7%. Cette hausse devrait toutefois être acceptable pour les

entreprises concernées et permettre d'éviter leur délocalisation vers

des cieux fiscaux plus cléments.

Il est totalement irresponsable

de la part d'un syndicaliste, censé s'engager en faveur de l'emploi,

d'affirmer que le canton de Genève pourrait se passer de ces milliers de

postes de travail à haute valeur ajoutée.

Mais, une analyse plus

fine doit nous rappeler que les syndicats et certains politiciens à

gauche de l'échiquier font une différence entre les cols blancs, issus

du domaine des services et les cols bleus, présents dans le secteur

industriel. A leurs yeux, les premiers seraient méprisables et les

seconds mériteraient tout leur soutien.

Cela nous ramène aux

heures sombres de la fermeture de Merck Serono et à la suppression de

plus de mille emplois au printemps 2012. Une magistrate socialiste avait

alors déclaré avec dédain: "Ce sont des cols bleus hautement qualifiés

qui vont trouver facilement un emploi".

En mars 2011 déjà, dans

un "Manifeste syndical pour une autre politique cantonale en matière de

chômage", la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) vilipendait

"un secteur bancaire hypertrophié". Or, l'activité bancaire et

financière représente près de 37'000 emplois à Genève et environ 15% du

PIB cantonal.

Il est absurde de décréter, au nom du dogme, que

certains postes de travail sont plus méritoires que d'autres. Il est

également important de garder à l'esprit que les entreprises visées par

M. Pelizzari sont les clientes des très nombreuses PME du canton. Selon

l'étude de l'institut universitaire CREA, les sociétés à statut génèrent

de manière indirecte et induite environ 39'000 emplois à temps plein.

Ce facteur est-il aussi négligeable aux yeux d'UNIA ?

Dans son

projet de mise en application de la RIE III à Genève, le Conseil d'Etat a

précisément pris en considération les spécificités de notre tissu

économique et tout mis en œuvre pour faire perdurer l'interdépendance

étroite et génératrice de prospérité qui existe entre les

multinationales, les sociétés de négoces, les banques, les entreprises

industrielles et les innombrables PME locales.

On est loin de

cette distinction stérile et archaïques entre cols blancs et cols bleus 

perpétuée par certains nostalgiques de la lutte des classes.

La

troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) a pour but

la préservation des postes de travail à Genève, et de tous les types

d'emplois !