TSR: garder les émissions religieuses

Un débat est lancé à propos des émissions religieuses de la Radio Télévision romande. Le projet est de supprimer trois émissions soit : hautes fréquences sur la première le dimanche soir ; A vue d'esprit sur Espace 2 ; et faut pas croire sur RTS1 le samedi après midi. Une pétition rassemble des signatures contre cette perspective mutilante. Dans le journal le Temps, le professeur de théologie François-Xavier Amhredt exprime très bien les raisons de s'opposer à cela. C'est aussi le cas de François Dermange, professeur d'éthique à Genève qui s'est exprimé dans la rubrique l'invité de la Tribune de Genève.

Convaincu, nous désirons apporter ici notre adhésion à cette protestation. L' information donnée a stupéfait ceux qui assistaient à un culte radio- diffusé, présidé par une pasteur de grand format : Marie Cénec. Il était question de la mort, mais donc aussi de la vie et de son sens. Il y avait matière à une grande prédication mais également à réflexion et discussion. Or, c'est précisément cela que les émissions susmentionnées cherchent à promouvoir. La Radio Télévision romande ne parle certes pas de supprimer la transmission des cultes et messes. Pour le moment ! En effet, dès lors que l'on relativise un devoir en général, où s'arrêtera-t-on ? Certes, la SSR est soumise à des pressions financières et doit contrôler son budget ; donc sa branche romande aussi. Mais l'exercice ne saurait se référer aux seuls critères des audiences. La SSR, au bénéfice d'une concession et percevant une redevance a des devoirs civiques et moraux. Elle doit, par exemple, donner sa place à la vie nationale et à celle des régions. Il est évident qu'elle doit aussi offrir des occasions d'entendre et de voir des émissions qui s'approchent des sujets les plus essentiels. Cela ne concerne pas seulement les fidèles de telle ou telle religion mais toux ceux qui ont besoin de s'interroger sur le sens de la vie, les racines de notre société, les dangers qui nous menacent : que ce soient la violence ou la dilution de nos valeurs…On est dans le dialogue spirituel et philosophique. Cette nécessité pour tant d'auditeurs d'être branchés sur de telles occasions de réfléchir n'est-elle pas plus impérative que jamais ? N'est-ce pas le plus mauvais moment pour songer à couper dans cette offre ? 

Gilles Marchand, le directeur de la Radio Télévision romande a réagi devant les protestations. Franchement, il s'est réfugié derrière une langue de bois. C'est bien que le débat soit ouvert. On verra comment faire au mieux. Il ne s'agit pas de renoncer à une offre dans ce domaine en effet important. Oui, et quoi alors ? Nous avons des émissions de grande qualité, ressenties comme nécessaires, maitrisées par des journalistes motivés et compétents. Il faut préserver cela. S'il importe de trouver des économies, n'y a-t-il pas des pistes du côté des émissions récréatives que l'on trouve à foison ? Ne masquez pas, cher Gilles Marchand, une démarche destructive derrière le paravent bien connu qui consiste à dire que l'on pourrait faire aussi bien mais autrement. Cela rappelle, toutes choses égales, ce qu'il en est dans les écoles publiques avec l'histoire suisse et l'instruction publique. Hélas, dans nos Cités démocratiques de si longue tradition, on voit de plus en plus du trop plein avec au creux de terribles vides. Ce n'est pas ainsi que nos esprits et nos cœurs résisteront le mieux aux vents destructeurs qui attaquent nos terres, heureusement encore trempées de civilisation spirituelle et humaniste. Nous en appelons aussi à Roger de Weck, le directeur de la SSR, dont toute l'éducation familiale a bénéficié de ces références fortes qui donnent un sens à l'existence. Que la SSR en général, sa branche romande en particulier, n'ébranle pas ce dont nous avons encore plus besoin aujourd'hui.