Un oui à la loi sur les armes


On pourrait penser que la votation de mai prochain concernant la loi sur les armes est d'un intérêt mineur. Or, l'enjeu est beaucoup plus important qu'il n'y parait à première vue. Cete loi résulte d'un certain durcissement du contrôle sur les armes semi-automatiques ; révision décidée dans le cadre de l'Espace Schengen-Dublin dont la Suisse fait partie. Elle a donc participé à l'élaboration de cette nouvelle norme et elle a obtenu la prise en compte de ses singularités. Le but est évidemment une meilleure prévention contre la criminalité armée et contre le terrorisme. 

Les auteurs du référendum contre la loi fédérale d'application essayent de crisper les citoyens avec des allégations ne correspondant pas à la réalité. Non, la majeure partie de ces armes ne sera pas interdite. Ceux qui en possèdent pourront les garder. Le tireur sportif pourra en acquérir facilement, tout comme le collectionneur. Certes l'usage prévu devra être précisé et notifié. Les armes seront identifées ainsi que les pièces essentielles les composant. Donc une garantie supplémentaire pour la tracabilité. Les criminels auront plus de peine à en acquérir ou à en trouver des éléments. Quant aux chasseurs, ils ne sont pas concernés par cette loi. Les soldats et les officiers pourront garder leurs armes à la maison. 

Alors, pourquoi tant de bruit ? Les Référendaires critiquent un surplus de formalités administratives, de contrôles agaçants. Admettons l'existence de cet inconvénient. Mais il est vraiment bien supportable. En fait, les opposants brandissent une question de principe, de souveraineté. Notre peuple serait adulte, responsable. On n'a pas besoin de ces restrictions supplémentaires. 

Ces arguments ne devraient pas faire le poids en regard d'évidences. Nous avons grand besoin d'appartenir à l'Espace Schengen-Dublin. Tout d'abord, précisément, dans un but de prévention contre la grande criminalité et le terrorisme. Nous sommes dans un circuit intégré de communications policières. Et puis, il y a Dublin, qui est lié. Cet Accord nous permet de renvoyer des requérants d'asile qui ont déjà déposé une demande dans un autre pays de l'Espace Scengen-Dublin. Enfin, relevons l'aspect économique. Un Asiatique, par exemple, qui reçoit un visa Schengen a une entrée dans tous les pays membres , dont la Suisse. Si la Suisse était exclue de cet Espace, elle devrait accorder un visa particulier. On imagine la complication, comme on imagine un renforcement sécuritaire autonome et coûteux aux frontières. Notre hôtellerie, notre tourisme en général verraient des groupes éviter la Suisse, avec un manque à gagner substantiel. 


Tout de même un peu embêtés par la perspective de telles conséquences, les Référendaires en minimisent le risque. Mais non, affirment-ils, la Suisse ne sera pas chassée de Schengen- Dublin. On nous fait peur pour rien. Ah oui ? Qu'en savent-ils. Une telle sortie d'un pays qui ne suit pas les adaptations décidées en commun est expressément prévue par le traité. Imaginer que l'on pourrait arracher une solution particulière malgré tout relève de l'autosuggestion . C'est un pari plus qu'hasardeux. Le risque est très grand. Comment,  à cause d'un raidissement de principe, peut -on jouer avec les intérêts du pays ? 


Pour faire un pas vers l'écoute des Référendaires, admettons même que le renforcement du contrôle qui est prévu ne renforcera pas tellement la sécurité en Suisse. Il n'empêche que les quelques tracasseries supplémentaires critiquées ne sont rien  face aux conséquences que pourrait avoir le refus de cette loi d'adaptation. On a envie de dire aux opposants :<trouvez-vous vraiment que le jeu en vaut la chandelle ?>. Dieu sait que nous aimons ce mythe fondateur ; mais la défense du pays ne se résume pas à brandir l'arbalète de Guillaume Tell. 

Jacques-Simon Eggly