Un oui normal sur la laïcité


Quel va être le résultat du vote concernant la loi sur la laïcité ? Ses opposants donnent de la voix. On nous parle de discrimination, d'atteinte à La liberté personnelle, à l'égalité des citoyens, d'hostilité à l'Islam, d'incitation aux tensions confessionnelles. Tout cela est faux pour qui voit dans une telle loi sur la laïcité un cadre équilibré et rassurant, permettant des relations saines entre notre Etat laïc et les communautés religieuses organisées sur sol genevois. Il n'y a donc aucun problème pour les églises parfaitement en adéquation avec ces règles du jeu. Il devrait être déterminant, dans l'esprit des votants, de constater que les trois églises chrétiennes traditionnelles de Genève recommandent sans état d'âme de voter oui. Or, il a fallu une belle évolution historique pour en arriver à cette concordance entre elles et notre Etat laïc. Ce projet de loi confirme la volonté réciproque d'entretenir  des relations à la fois réservées et positives entre l'Etat et les communautés religieuses. En revanche, ce texte ferme la porte au risque d'une évolution vers un communautarisme, à des différenciations pesantes qui finiraient par juxtaposer des habitants se référant à leurs normes particulières, jusques dans l'exercice de fonctions publiques. 


Soyons clair, sans langue de bois, sans auto-censure par crainte de se faire accuser de préjugés anti-musulmans. Oui, ce projet gêne directement des Musulmans fondamentalement allergiques au principe de laïcité. Un Hanni Ramadan, dans sa fidélité intime aux frères musulmans, en  est  une illustration ; lui qui comprend la lapidation des femmes dites infidèles et ose dénoncer chez nous une discrimination. Or, chez nous, il s'agit, au contraire, d'une égalité requise en regard de ce principe de laïcité. Il est assez piquant de regarder telles personnalités de gauche, notamment des femmes, qui brandissent les valeurs de liberté et d'égalité ; alors que chacun sait, par exemple, que certaines tenues vestimentaires masquant la femme sont très souvent l'illustration de leur soumission. Ah, quand le féminisme ne sait plus très bien où il en est ! Si l'on n'y prend pas garde en temps voulu, le risque de grignotage anti laïque peut aller loin. En France, il a fallu remettre à l'ordre une juge qui envisageait  la charria, reconnue légalement, pour des litiges entre Musulmans. En Grande-Bretagne, il y a des dérives incroyables dans ce sens, qui est un contre sens d'une politique d'intégration. 


Il n'y a aucun parti pris anti Musulmans dans ces lignes. Il y a simplement le constat que c'est là que se situe une crispation, soutenue par des élus qu'aveuglent leur crédo en faveur du multiculturalisme. Demander à des femmes exerçant une fonction publique de ne pas arborer des signes d'identité religieuse trop marquants, attendre de résidentes à Genève ayant à utiliser l'Etat que leur visage soit visible : où est le scandale ? C'est simplement affirmer que l'Etat doit être laîque et donc neutre jusque dans son apparence. C'est affirmer que cet Etat neutre, laïque est celui de tous, que la réserve et la transparence qu'il s'impose et qu'il impose a une vertu d'intégration et de barrière contre une tendance au communautarisme. La loi genevoise sera une loi de collaboration ( par exemple en offrant un support administratif aux églises pour leur recherche de financement), et une loi de prévention contre des dérives possibles, dont l'évocation ne relève nullement de la paranoia. 


Cette loi ne discrimine aucune religion. Elle incite même à ce que l'école informe sur elles. Elle s'adresse à toutes sur pied d'égalité en leur disant : avec, certes, vos spécificités vous avez à respecter les règles en vigueur dans ce canton ; lequel a son histoire, ses acquis, son exigence de laïcité et ses normes minimales garantissant une vie en commun.  


Jacques-Simon Eggly