Médecins : valorisons la formation helvétique

Le PLR vient de déposer au Grand Conseil une motion demandant que les médecins genevois fassent figurer le lieu de leur formation initiale sur les divers supports utiles (plaque, publicités, etc.). Son objectif ? Une meilleure information des patients, qui doivent pouvoir choisir de manière éclairée leur médecin, et, notamment, savoir si celui-ci est titulaire d'un titre helvétique attestant d'une formation longue, complète et exigeante.

La compétence d'un médecin, et donc la qualité des soins qu'il prodiguera à ses patients, dépend en partie de la formation à l'université, mais avant tout de la formation post-graduée accomplie en hôpital. Celle-ci transforme les jeunes médecins fraîchement émoulus des études en professionnels aptes à soigner notre population.

La formation post-graduée en Suisse est longue, minimum 5 ans, impose des années en hôpital universitaire, dans plusieurs services différents et est reconnue par l'obtention d'un diplôme de spécialiste (anciennement appellation FMH). Nos médecins de premier recours ont donc dans leur grande majorité souvent un diplôme de spécialiste en médecine générale ou interne et ont donc fait au minimum 5 ans de formation avant de s'installer. Quant aux spécialistes, leur formation nécessite le plus souvent entre 6 et 8 ans de pratique dans des établissements hospitaliers.

En 2010, la clause du besoin (qui restreignait l'installation en privé des médecins sauf s'ils reprenaient un cabinet ou si il y avait une pénurie de médecins dans une spécialité) a été levée pour les médecins de premier recours. Depuis, Genève a vu déferler des médecins généralistes de l'Union Européenne (UE) qui se sont installés dans notre ville et dont la plupart ont une formation post-graduée bien inférieure en durée à celle exigée en Suisse. Ces médecins reçoivent un diplôme de praticien fédéral en vertu des accords bilatéraux, qui obligent la Suisse à reconnaître les formations médicales de l'Union Européenne. En 2012, la clause du besoin a été définitivement levée également pour les spécialistes et l'on peut par conséquent s'attendre à une forte augmentation du nombre de médecins spécialistes en provenance de l'UE.

Loin des cosignataires de cette motion l'idée de remettre en cause les bilatérales et la libre admission de ces médecins en Suisse, mais les habitants de ce pays et en particulier de Genève devraient avant de les choisir, connaître leur niveau de formation post-graduée. Un diplôme de praticien fédéral ne correspond qu'à 3 ans de pratique post-graduée et un diplôme de spécialiste décerné en Suisse correspond au minimum à 5 ans de formation post-graduée et dûment vérifiée dans des établissements reconnus par la FMH.

Libre circulation des médecins oui, mais reconnaissance de la valeur de la formation post-graduée suisse aussi. Les habitants de Genève doivent être des patients éclairés et donc pouvoir connaître le lieu de formation post-graduée de leurs médecins. Les députés PLR demandent donc au Conseil d'Etat de modifier l'article 14 du règlement sur les professions de la santé afin que les médecins exerçant en pratique privée (toutes structures de soins confondues) indiquent expressément le pays d'obtention du diplôme de médecin et du titre postgrade initial, notamment sur la plaque à l'entrée de leur domicile professionnel indiquant leur cabinet.

Le Conseil d'Etat aura tout loisir de se concerter avec l'AMG (Association des Médecins du Canton de Genève) afin de trouver la signalétique appropriée, qui permette aux patients de connaître facilement le lieu de formation post-graduée des médecins.