Nucléaire : Pour une sortie raisonnée et organisée

La

Suisse a décidé en 2011 de sortir du nucléaire. Le Parlement a mis 5

ans pour mettre sur pied la stratégie qui va nous permettre de nous

passer des 5 centrales qui fournissent aujourd'hui environ 40% de la

production électrique suisse. Il a décidé de ne pas fixer de date

précise pour la fermeture des centrales nucléaires, afin que la Suisse

ait le temps de sécuriser son approvisionnement en électricité et que

les exploitants et la Confédération puissent régler la question

financière des investissements et du démantèlement des installations.

La votation du 27

novembre sur la mal nommée initiative « Sortir du nucléaire » ne porte

donc en réalité pas sur la sortie du nucléaire, mais sur l'organisation

de cette sortie. Si l'initiative des verts est acceptée, trois centrales

suisses seront débranchées en novembre prochain. Trois centrales

fermées, ce serait 15% d'électricité produite en moins. Sachant que

malgré toute la bonne volonté du monde, il sera impossible de réduire

notre consommation de 15% en 12 mois ou d'augmenter suffisamment la

production d'électricité renouvelable, il faudra importer du courant

produit par des centrales nucléaires françaises ou des centrales à

charbon allemandes. Le nucléaire français est-il plus sûr que le nôtre ?

Le charbon allemand est-il meilleur pour l'environnement ?

Plus personne ou

presque en Suisse ne remet en question l'abandon du nucléaire, le

développement des énergies renouvelables et l'accélération des économies

d'énergie. Mais il faut laisser du temps au temps. Les partisans de

l'initiative imaginent que dans 12 ans, la Suisse aura pu fermer ses

centrales, couvrir ses toits de panneaux photovoltaïques et ses monts

d'éoliennes et diminuer sa consommation très fortement. Nous ne

partageons pas cet optimisme.

Une éolienne standard

(2 à 3 MW) alimente 1000 à 1700 ménages suisses en électricité et notre

pays en dénombre aujourd'hui à peine une trentaine. Suppléer de manière

ponctuelle à l'arrêt provisoire d'un ou deux réacteurs nucléaires est

une chose, c'en est une autre que de décider de toutes les arrêter en se

disant qu'on trouvera bien une solution.

Patience et longueur

de temps font plus que force ni que rage. Faisons donc le choix d'une

sortie du nucléaire raisonnée et organisée, qui permettra à d'autres

moyens de production, renouvelables, d'être mis en place sans devoir

dépendre trop de l'étranger. Et préservons par la même occasion la

sécurité d'approvisionnement qui est la nôtre, et qui nous semble

tellement naturelle que nous n'imaginons même pas ce qui se produirait

si nous la perdions.