Le budget 2016 n’est pas un budget d’austérité

Une grève de la fonction publique est annoncée pour le 10 novembre, afin d'attirer l'attention sur les conditions de travail des fonctionnaires. Le PLR Genève regrette que les syndicats prennent ainsi en otage la population et pense qu'il est indispensable de rappeler combien les conditions de travail dans le secteur public sont, et resteront, avantageuses. De plus, malgré les importantes difficultés financières de l'Etat, le budget 2016 prévoit encore une augmentation des effectifs de la fonction publique. Nous ne sommes donc pas dans une politique d'austérité et cette grève n'est pas justifiée.

Le nombre de postes au sein de l'administration n'a cessé de croître ces dernières années. Le budget 2016 prévoit 15'870 postes pour l'Etat, ce qui représente une augmentation de 119 postes par rapport au budget 2015. Le Département de l'instruction publique bénéficiera, par exemple, de 102 postes supplémentaires. Avec un peu plus de recul, nous constatons que depuis 2010, les effectifs de la fonction publique ont augmenté de 15%.

Dans le Grand Etat[1], l'augmentation est encore plus importante. Le budget 2016 prévoit 41'763 postes, ce qui représente une hausse de 707 postes soit de 1,7% par rapport à l'année précédente.

Budget201020112012201320142015
Projet 2016
Effectifs de l'Etat13817146861479115008154311575115870
Augmentation305869105217423320119
Effectifs du Grand Etat3890739200405374105641763
Augmentation2931337519707
Salaire annuel moyen à l'Etat116526116744116417116445116906
Augmentation
218-32728461








Parallèlement, les salaires de la fonction publique sont restés stables, voire en légère hausse. Le salaire moyen des employés de l'Etat est de 9740 francs par mois. Il a augmenté de 0,7% depuis 2010, alors que l'indice genevois des prix à la consommation a diminué de 1,5%. Ainsi, les fonctionnaires ont gagné en pouvoir d'achat durant cette période.

Ces augmentations se sont répercutées dans les charges de l'Etat, qui, à leur tour, croissent régulièrement. A l'occasion de la présentation du projet de budget 2016, le Conseil d'Etat a rappelé qu'étaient en hausse tant les charges globales (+0,9%) que les charges du personnel (+0,5%). Depuis 2010, la hausse des charges du personnel s'élève à 12%, alors que la population n'a augmenté que de 1% par année.

De plus, l'Etat, et donc les contribuables, ont fait un important effort en faveur du personnel de la fonction publique dans le cadre du renflouement de leur caisse de pension. Il est utile de rappeler que le coût total, pour les employeurs publics, est estimé à 6,3 milliards de francs. Outre l'apport unique de 800 millions effectués en 2013, l'Etat va verser chaque année 98 millions pendant 40 ans.

Augmentation des effectifs, augmentation de salaires et augmentation des charges de personnel : le budget 2016 n'impose clairement pas l'austérité, comme le prétendent les syndicats !

Par contre, le budget 2016 présente un déficit de 70 millions de francs, qui, tout comme celui déjà annoncé pour l'année 2015, va encore davantage alourdir la dette étatique. Cette dernière a explosé ces dernières années et s'élevait à la fin 2014 à 13,4 milliards de francs. 




La situation financière actuelle du canton impose de prendre des mesures pour ne pas prétériter l'avenir des générations futures. Le potentiel fiscal étant déjà très largement exploité, bien plus que dans tous les autres cantons, des mesures structurelles doivent impérativement être mises en place. Le Conseil d'Etat a courageusement décidé de réduire de 5% les charges de personnel au cours des trois prochaines années. Autrement dit, l'objectif est de revenir au niveau des charges salariales du budget 2011.

Afin d'atteindre cet objectif, tout en maintenant les salaires dans la fonction publique, les effectifs devront être réduits. Une comparaison intercantonale permet de s'apercevoir que cette mesure est une juste correction d'une particularité genevoise. En effet, à Genève, 19 emplois sur 100 sont issus du secteur public. Par rapport à la population active, les emplois issus du secteur public représentent seulement 12% en moyenne nationale, ainsi que dans le canton de Vaud. Même dans le canton de Bâle, comparable sur bien des points avec Genève, la part des emplois du secteur public ne dépasse pas les 15%.

Une des mesures proposées pour diminuer les effectifs sans réduire les prestations de la population est une augmentation de 5% du temps de travail des fonctionnaires, c'est-à-dire le passage à 42 heures de travail hebdomadaire. La durée de travail hebdomadaire moyen à Genève est de 40,9 heures, tous secteurs confondus. Cette moyenne est bien inférieure à celle de la Suisse, qui est de 41,6 heures. Cet effort demandé au personnel de la fonction publique est certes important, mais il est acceptable. En effet, outre le renforcement de leur pouvoir d'achat ces dernières années, les fonctionnaires bénéficient de salaires plus élevés que dans le secteur privé. Le salaire médian dans le secteur public à Genève était ainsi de 8666 francs par mois en 2012, alors qu'il était de 7042 francs dans le secteur privé. L'écart est de 23% et il a tendance à s'accroître. De plus, les employés du secteur privé ne bénéficient pas de la protection de leur emploi.

L'augmentation de la dette et les déficits prévus pour 2015 et 2016 imposent de prendre des mesures. Les propositions du Conseil d'Etat sont responsables et raisonnables. Le projet de budget 2016 n'est pas touché par ces mesures, ainsi la grève de la fonction publique est infondée. L'augmentation du temps de travail des fonctionnaires est un sacrifice nécessaire pour permettre de maintenir leur salaire et les prestations à la population. Au vu des conditions favorables dont ils bénéficient en comparaison du secteur privé, cet effort semble équitable.

Enfin, le PLR tient à exprimer ici sa vive inquiétude sur l'évolution de la situation financière du canton et, singulièrement, sur l'augmentation de la dette. Il convient dès maintenant de prendre des décisions courageuses et de nature structurelle. Conscient de ses responsabilités pour les générations futures, le PLR agira avec détermination afin de maintenir et pérenniser à long terme un service public de qualité. Les autorités cantonales doivent maintenir le cap fixé et faire preuve de la plus grande fermeté, malgré la mobilisation de la fonction publique annoncée.


[1] A savoir l'Etat de Genève au sens strict, les entités contrôlées (HUG, TPG, SIG, UNIGE, lMAD, AIG, HG, FdP, FPLC, FTI, Fondation HBM, FIPOI et Palexpo SA), ainsi que les HES, les EPI, les EMS et les cliniques de Joli-Mont et Montana.


Contacts:

Alexandre de Senarclens, Président

Nathalie Fontanet, cheffe de groupe de la députation PLR

Cyril Aellen, député