Réforme CO22: une campagne scandaleuse au DIP

Depuis plusieurs semaines, le personnel, tout le personnel, des 19 cycles d'orientation du canton est convoqué à des "séances d'information" organisées dans chaque Cycle par le DIP pendant les heures de travail (par exemple lundi 21 mars à Pinchat en P5 et P6). Il s'agit en réalité d'une conférence donnée par la chef de projet CO22, ancienne directrice d'un cycle et membre de la direction générale de l'enseignement obligatoire. Pendant ces heures, les cours sont suspendus et les élèves peuvent rentrer chez eux !
 
Le 30 mars, les directeurs des cycles ont également bénéficié d'une telle "séance d'information".

Le DIP a ainsi lancé sa campagne, en mobilisant des employés publics, en utilisant les locaux publics, et en supprimant des heures de cours. Nous voyons bien à quel niveau de priorité le département situe l’enseignement aux jeunes…
 
Ces séances ne sont pas ouvertes au public, ni à la presse. 
 
En parallèle, différentes associations de parents d’élèves organisent également des séances, en se fondant sur les informations unilatérales reçues du DIP, voire en bénéficiant de la présence très active du personnel du département.  
 
Le DIP utilise donc et met à disposition fichiers, moyens humains, matériels et financiers pour présenter de manière unilatérale un projet contesté démocratiquement et qui fait l’objet d’une votation populaire. Certes, il n’a pas pu empêcher le comité référendaire de disposer d’un espace dans la brochure qui sera distribuée au corps électoral, mais qui consultera la brochure s’il pense avoir bénéficié d’une présentation objective, car s’étant déroulée dans les bâtiments de l’Etat ?  
 
A quel moment le peuple a-t-il donc accepté qu'un membre du gouvernement mobilise massivement les ressources publiques, y compris les listes de ses collaborateurs, pour promouvoir un projet contesté et ce sans même offrir aux opposants la possibilité de recourir aux mêmes moyens ? 
 
A quel titre l’Etat se substitue-t-il aux partis politiques ? Quelle disposition de la loi sur l’exercice des droits politiques prévoit que l’Etat fasse campagne sur un sujet hautement politique et engage des moyens non monétaires ?
 
Si la Constitution genevoise souligne bien en son article 51 que « la contribution des partis politiques au fonctionnement de la démocratie est reconnue », quel article autorise l’Etat a intervenir massivement et unilatéralement dans la formation de l’opinion publique sur un sujet politique en débat ? 
 
La campagne en cours révèle une présidence du DIP fébrile, pour laquelle la fin justifie les moyens, tous les moyens qui semblent donc bons pour faire passer un message partial et partiel, quitte à ignorer les principes fondamentaux qui font l’équilibre d’une société, quitte à ignorer que le socle et la limite de l’Etat est la loi et non l’ambition d’un élu de se construire un bilan.