Le 18 mai 2025, nous sommes appelés aux urnes pour nous prononcer sur deux textes visant à accélérer la transition vers l’énergie solaire dans le canton : l’initiative populaire des Vert’libéraux « Pour une transition rapide vers le solaire à Genève » (IN 191) et son contre-projet « Dynamisons la production d'énergies renouvelables ». Afin de reprendre les bonnes intentions de l'initiative tout en corrigeant ses défauts rédhibitoires, le grand conseil a élaboré un texte qui réunit un large consensus, plus efficace et qui ménage notre patrimoine bati. Ce contre-projet a le soutien du Conseil d’État qui s’était également exprimé en défaveur de l’initiative.
Contraintes et coercition ou pragmatisme ?
L’initiative impose l’installation généralisée de panneaux photovoltaïques sur toutes les constructions existantes et neuves. Toutes les surfaces adaptées sont concernées : toitures mais aussi façades et balcons. Le texte contraint également à réaliser ces travaux avant le 31 décembre 2034. Il s’agit en somme d’une obligation légale générale d’installer un seul type de panneaux solaires – photovoltaïques – dans tout le canton de Genève, une méthode peu pertinente d’un point de vue énergétique et économique selon le Conseil d’État.
Le contre-projet se concentre sur les surfaces les plus productives avec une obligation d’équipement d’ici 2030 des toitures de la zone industrielle pour privilégier les projets de grande taille favorisant l’autoconsommation et l’indépendance énergétique. Il ne s’arrête pas là en prévoyant les installations systématiques sur les toitures neuves et à rénover, mais aussi en incitant les installations volontaires.
Efficacité et faisabilité
L'obligation généralisée d'installer des panneaux solaires photovoltaïques sur toutes les surfaces disponibles ne tient pas compte de l’efficacité réelle des installations. Cette approche ne distingue pas les différents types de panneaux solaires (photovoltaïques et thermiques) et leurs utilisations spécifiques.
À l’heure où la pénurie de main-d’œuvre, de panneaux solaires photovoltaïques et d’ingénieurs susceptibles de suivre ces travaux est avérée, il est essentiel de pouvoir réaliser des installations d’une taille relativement importante et générant une quantité d’électricité significative plutôt que de multiplier les projets de petite taille qui sont, par définition, consommateurs de ressources à outrance.
Le contre-projet sera, sous cet angle, bien plus à même d’atteindre les objectifs d’une forte augmentation de l’énergie photovoltaïque produite à Genève.
N’enlaidissons pas Genève !
L’application systématique de panneaux solaires sur tous les bâtiments, y compris les façades, pourrait avoir un impact esthétique considérable sur le paysage urbain et rural du canton. On estime que jusqu’à 80 % de toutes les façades, balcons et toitures pourraient être recouverts de panneaux noirs, ce qui soulève de vives inquiétudes quant à la forte dégradation de l’aspect visuel du canton.
Proportionnalité et protection du patrimoine
L’initiative impose de s’en tenir à la protection minimaliste du patrimoine définie par le droit fédéral. Cette approche ne prend pas en compte les spécificités locales et la sensibilité patrimoniale propre à Genève.
Le contre-projet propose une approche plus fine de la protection du patrimoine, en définissant clairement les cas où une autorisation de construire est nécessaire pour l’installation de panneaux solaires. Cette méthode permet de préserver le patrimoine tout en facilitant le développement du solaire.
Incitations et aides de l’État
En lieu et place d’une garantie de rachat de l’électricité qui est incompatible avec le droit fédéral, le contre-projet propose des mesures de soutien plus réalistes sous forme de cautionnements, subventions, prêts et dégrèvements fiscaux. Ces mesures d’encouragement seront efficaces.
Simplification des procédures
Le contre-projet prévoit que 89 % des poses de panneaux solaires ne nécessiteront plus d’autorisation de construire si elles répondent à des conditions bien définies. Cette mesure vise à faciliter et à accélérer le déploiement des installations solaires.
Raccordements électriques
Le contre-projet aborde la question technique du raccordement des installations photovoltaïques au réseau électrique. Il prévoit que les Services industriels de Genève (SIG) seront responsables du branchement des lignes, avec un partage équitable des coûts entre les SIG et les propriétaires.
Refusons l’initiative et acceptons le contre-projet
Tandis que l’initiative défend une solution radicale, le contre-projet propose une approche plus nuancée et pragmatique, en se concentrant sur les secteurs et les infrastructures pour lesquels l’impact sera le plus significatif. Au final, il permet de concilier les objectifs de transition énergétique avec la préservation de l’esthétique urbaine et du patrimoine, tout en garantissant une mise en œuvre des mesures plus efficace et plus rapide. Le Conseil d’État, l’unanimité du Grand Conseil et les associations économiques soutiennent le contre-projet.