ENJEUX ÉNÉRGÉTIQUES : Interview de Jean-Marc Jancovici, fondateur du Shift Project

Par Laurent Thurnherr, Conseiller municipal

M. JANCOVICI, QU’EST-CE QUE LE SHIFT PROJECT, QUE SONT LES SHIFTERS ?

Le shift project est une association d’entreprise et laboratoire d'idées qui s'est donné pour objectif l'atténuation du changement climatique et la réduction de la dépendance de l'économie aux énergies fossiles, ce qui nous a par exemple conduit à concevoir un plan de transformation de l’économie française.

Les shifters est une association de personnes physiques, partageant l’objectif du shift project, qui vise à contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'économie. Cette association existe également en Suisse.

QUELLE EST VOTRE FORMATION PROFESSIONNELLE, COMMENT ETES-VOUS « TOMBE » DANS LE DOMAINE DES ENERGIES ET DU CLIMAT ?

J’ai une formation d’ingénieur, diplômé de l’école polytechnique. J’ai suivi une formation complémentaire, à Télécom Paris (une autre école d’ingénieurs), pour être libéré du paiement des frais de scolarité. 

La France offre en effet cette opportunité. J’ai pris le tournant vers l’étude des énergies, du climat, tout à fait par hasard. 
Dans le cadre de mon métier d’ingénieur, fin 1990, j’ai été amené à étudier la question climatique, sous l’angle des énergies, et ai constaté qu’il n’existait pas d’outil ou de méthode pour calculer l’impact d’une activité sur le climat. J’ai donc entrepris de créer le bilan carbone, avec le soutien de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.

AVEZ-VOUS DES RETOURS SUR LES EFFETS DE VOTRE ACTIVITE ? COMMENT DETERMINEZ-VOUS VOTRE IMPACT SUR LE DEBAT PUBLIC ?

Le nombre d’invitations à des conférences que je reçois (rires). Il est difficile d’individualiser les conséquences de mon action. Les seuls indices tangibles que j’ai sont effectivement les invitations que je reçois à donner des conférences, et le nombre de livres vendus.

PENSEZ-VOUS QUE TOUTES LES ENTREPRISES PEUVENT REDUIRE LEUR IMPACT CARBONE SANS METTRE EN DANGER LEUR PERENNITE ?

Non. Enfin, cela dépend de l’activité et des proportions visées. VITOL (entreprise de trading de pétrole), par exemple, ne pourra pas survivre avec une politique de décarbonation sans changer d’activité. Des entreprises peuvent changer d’activité, d’autres leur manière d’exercer leur activité. Par exemple Ørsted (DONG Energy) a considérablement réduit, voire cessé la production de pétrole pour fabriquer des éoliennes. Avec les mêmes compétences d’ingénierie, cette société a changé de business.

AURIEZ-VOUS UN CONTACT EN SUISSE A QUI NOS AUTORITES OU ENTREPRISES POURRAIENT S’ADRESSER POUR OBTENIR DES CONSEILS OU UN SUIVI EN MATIERE DE REDUCTION DE LEUR BILAN CARBONE ?

Pas en Suisse non. Cela étant, Carbone 4 que je co-dirige – a un bureau à Lyon. Outre du conseil et de la formation, nous fournissons également des prestations au monde financier, et avons déjà deux clients en Suisse. 

Les personnes intéressées peuvent nous contacter directement (Carbone 4, rue de la Bourse 4, 69001 Lyon, France +33 1 76 21 10 00, contact@carbone4.com).