Travaux en Ville de Genève : pour une vraie politique de soutien aux commerçants impactés

Par Maxime Provini, Conseiller municipal

Depuis plusieurs années, la Ville de Genève est le théâtre de chantiers nombreux et successifs. Travaux de voirie, de rénovation des réseaux souterrains, réaménagements d’espaces publics… Ces projets sont souvent nécessaires, parfois souhaitables, mais ils ont un prix. Et ce prix, ce sont trop souvent les commerçants locaux qui le paient : chute de chiffre d’affaires, baisse de fréquentation, livraisons impossibles, terrasses inaccessibles, voire disparition pure et simple d’enseignes historiques. Maxime Provini, conseiller municipal, nous décrit les enjeux de ce sujet brûlant pour notre ville.

Une pétition pour soutenir les commerçants

Le Conseil municipal a récemment été saisi d’une pétition intitulée « Non à la mort des commerçants de la rue de Carouge», signée par des citoyennes et citoyens exaspérés par la situation. Le PLR Ville de Genève prend cette alerte au sérieux. Elle fait écho à de nombreux témoignages reçus au fil des années, de commerçants pénalisés par des travaux mal coordonnés, mal anticipés et trop longs.

Une mobilisation politique transpartisane

La problématique est désormais bien identifiée au sein des autorités municipales et cantonales. Plusieurs objets politiques ont été déposés ces derniers mois, démontrant une prise de conscience partagée :

Au Conseil municipal, la motion M-1707 du PLR demande la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation pour les commerçants gravement affectés par les travaux en Ville de Genève, sur la base de critères stricts (durée du chantier, impact documenté, preuve comptable du préjudice, etc.).

D'autres objets, déposés par Ensemble à Gauche ou le Centre, vont dans le même sens et témoignent d’un large front politique, déterminé à mieux protéger le tissu économique de proximité.

Au Grand Conseil, la problématique est également prise en compte : deux propositions de motions (dont M 2967) sont actuellement en traitement, réclamant une meilleure coordination entre les entités publiques (État, Ville, SIG), la création d’un fonds cantonal d'indemnisation ou encore l’intégration systématique de critères économiques dans les études d’impact des projets d’aménagement.

Ces objets sont encore en commission, mais leur simple existence marque une évolution politique importante. Ce qui relevait hier d’une revendication sectorielle devient aujourd’hui un enjeu structurant pour Genève.

Une logique d’indemnisation encadrée

Le PLR ne plaide pas pour une aide automatique et indifférenciée. Il s’agit de reconnaître qu’un commerce confronté à deux ans de chantier devant sa porte, sans accès client ni visibilité, mérite un accompagnement temporaire - à condition de prouver l’ampleur du préjudice subi.

Nous soutenons un dispositif d’indemnisation ciblé, fondé sur :

  • une durée minimale des travaux impactant directement l’activité commerciale ;
  • une démonstration comptable d’une perte significative (par comparaison avec les exercices précédents) ;
  • un plafond d’indemnisation défini et une procédure rapide, transparente, dépolitisée.

Une coordination à revoir d’urgence

L’autre enjeu central est celui de la planification et de la coordination des chantiers. Aujourd’hui, les commerçants constatent des interventions successives et mal synchronisées : un chantier de la Ville, suivi quelques mois plus tard d’un chantier des SIG, puis du Canton…

Nous demandons la création d’un guichet de coordination unique, réunissant la Ville, le Canton et les SIG. Ce guichet aurait pour mission d’organiser les chantiers de manière cohérente, d’informer clairement les habitants et les commerçants concernés, et d’éviter les surcoûts ainsi que les nuisances prolongées.

Un front commun et un enjeu de législature

Le PLR se réjouit que d’autres partis aient rejoint cet appel. Les propositions en Ville comme au Canton montrent qu’il est désormais possible d’agir au-delà des clivages partisans pour défendre une cause juste et pragmatique : celle du commerce de proximité, qui fait vivre nos quartiers, anime nos rues, crée des emplois et renforce le lien social.

Soutenir les commerçants touchés par les travaux, ce n’est pas opposer l’économie à la transition urbaine. C’est au contraire réconcilier les deux dans une logique de ville vivable, dynamique et durable.

Ce sujet fera clairement partie des grands enjeux de la législature 2025–2030, tant il touche à la fois à l’urbanisme, à l’économie locale, à la cohésion sociale et à la bonne gouvernance.

« Nous demandons la création d’un guichet de coordination unique, réunissant la Ville, le Canton et les SIG. »