Les attentes sur le département sont grandes, l’école d’aujourd’hui présente de nombreux défis. Anne hiltpold, conseillère d’état à la tête du dip, nous présente ci-dessous les réflexions qui ont guidé son action au cours des derniers huit mois, ainsi que les mesures pour la nouvelle législature.
Les attentes envers mon département sont élevées, et cela n'est pas surprenant, étant donné le rôle crucial qu'il joue : instruire et former la génération future.
LA MISSION DE L’ÉCOLE
La mission première de l'école est de former les jeunes, les préparer à devenir autonomes, à affronter le monde professionnel avec des certifications. Mais c'est aussi à l'école que l'on apprend à devenir des citoyens responsables, engagés et je l'espère épanouis. Cela passe par l'acquisition de savoirs, de connaissances et de compétences.
INSTRUCTION ET ÉDUCATION
De nos jours, la distinction entre instruction et éducation semble de plus en plus ténue, certains parents délaissant ce rôle à l'école et d'autres étant incapables de le remplir. Ainsi, les attentes envers l'éducation ne cessent d'augmenter.
L'école a cela de commun que nous nous sentons tous concernés, comme ancien élève ou élève, comme parents, comme grands-parents, comme enseignant. Cette diversité d'opinions crée des défis que l'école doit affronter au quotidien. L'école doit tenir compte des besoins de tous les élèves, mais aussi s'adresser collectivement à une classe.
On attend de l'école qu'elle enseigne avant tout à lire et écrire correctement, sans pour autant abandonner le latin, ou les langues vivantes. On voudrait une école qui sensibilise les enfants aux dangers du monde qui les entoure, à l'hygiène dentaire ou aux vertus du sport, une école qui aide les jeunes à remplir une fiche d'impôt, qui sensibilise aux défis de la transition écologique, qui forme au codage, tout en luttant contre les abus d'écran et en maintenant le niveau d'exigence !
Comment l'école peut-elle garantir l'acquisition des savoirs fondamentaux en chargeant toujours plus le programme scolaire ?
LUTTE CONTRE LE DÉCROCHAGE
Nous sommes aujourd'hui confrontés à une réalité où de nombreux jeunes sortent de la formation obligatoire jusqu'à 18 ans, voire à 25 ans, sans certification. Trop de jeunes encore sortent du cycle d'orientation sans le niveau suffisant pour poursuivre une formation qui donnera accès à un titre, et donc un emploi. Trop de jeunes se retrouvent ensuite à l'aide sociale. Il est primordial de lutter contre le décrochage scolaire tout en maintenant un niveau d'exigence élevé. Oui l'école doit être exigeante, il faut travailler, s'exercer encore et encore, persévérer. Pour certains cela demande plus d'investissement que pour d'autres et cela sera toujours ainsi quoi qu'on en dise. Ce n'est pas forcément juste, mais la vie, nous le savons, peut être injuste.
La persévérance comme l'échec sont des réalités auxquelles les jeunes seront confrontés.
Il est primordial de lutter contre le décrochage scolaire tout en maintenant un niveau d'exigence élevé.
MOTIVER LES JEUNES
Notre mission est d'accompagner les élèves avec comme objectif de les faire progresser. Ne rien lâcher sur les exigences, ce n'est pas un slogan, c'est ainsi que l'on encourage les élèves à donner le meilleur d'eux-mêmes. Montrer à un enfant que vous ne le pensez pas capable est à mon sens le meilleur moyen pour qu'il baisse les bras. Notre devoir est d'encourager les jeunes afin de leur permettre de se réaliser et de s'épanouir.
Et puis nous devons leur donner envie d'étudier, puis de travailler en y trouvant du plaisir pour devenir indépendant et autonome, avec une complexité supplémentaire face à une génération qui envisage son avenir avec du temps libre à disposition pour soi.
Nous devons donc faire en sorte que les enfants, comme les jeunes, trouvent du sens aux apprentissages, que les enseignants parviennent à leur transmettre « le goût d'apprendre ».
LES DÉFIS DE L’ÉCOLE D’AUJOURD’HUI
Dans une société dominée par le numérique, l'école doit relever le défi de motiver les élèves à venir en classe mais aussi de leur permettre de rêver, de les émanciper de ce monde de l'instantanéité, et de la frustration parfois aussi.
À l'heure où l'intelligence artificielle n'en finit pas de nous surprendre, où les informations sont accessibles en un clic, il faudra veiller aujourd'hui plus qu'hier à transmettre l'esprit critique, à savoir discerner le faux du vrai, tout en continuant à savoir lire un livre (plutôt que de regarder une vidéo en ligne) et écrire et conjuguer (plutôt que de dicter).
Face à la montée de la violence et du manque de respect, tant à l'école que dans la société en général, il est crucial de restaurer un climat de sécurité et de respect mutuel.
Le respect et l'autorité sont des valeurs fondamentales qui doivent être exigées des élèves mais aussi des parents. Pour que les enseignants puissent faire correctement leur travail en classe, transmettre les savoirs face à des élèves respectueux, il faut aussi être fermes avec les parents vindicatifs.
De même les enfants doivent pouvoir se sentir en sécurité. Nous ne devons plus tolérer une quelconque forme de violence dans l'enceinte de l'école.
Alors que les conséquences négatives sur le développement de l'enfant de l'abus d'écran sont démontrées, comme les effets néfastes des réseaux sociaux, je vais proposer des actions fortes de prévention et de sensibilisation envers les parents et les enfants sur ces problématiques.
FEUILLE DE ROUTE POUR QUATRE ANS
Ces réflexions ont guidé mon action au cours des huit derniers mois à la tête du Département de l'instruction publique. J'ai ainsi pu présenter à la mi-février ma feuille de route qui vise à répondre à ces défis pour les quatre prochaines années.