OUI à la passerelle piétonne du Mont-Blanc

Par Michèle Roullet, Conseillère municipale en Ville de Genève

Le lieu le plus fréquenté de la ville, le pont du Mont-Blanc, est saturé ! La cohabitation entre les cyclistes et les piétons est devenue infernale, dangereuse même. La passerelle du Mont-Blanc est un ouvrage indispensable pour notre ville. Michèle Roullet, Conseillère municipale en Ville de Genève, nous en détaille les points essentiels et les raisons pour lesquelles l’avenir de notre ville ne peut se concevoir sans cette passerelle.

LA PASSERELLE DU MONT-BLANC : UN OUVRAGE INDISPENSABLE ET UN VRAI INVESTISSEMENT TOURISTIQUE POUR GENÈVE

Actuellement, le pont du Mont-Blanc est saturé. C’est le lieu le plus fréquenté de la ville. La cohabitation entre les cyclistes et les piétons devient d’autant plus infernale qu’il y a toujours plus de vélos, de vélos cargos et de piétons. C’est un miracle qu’il n’y ait pas encore eu d’accidents graves entre ces usagers qui se déplacent dans les mêmes lieux, notamment les passages pour « piétons » sur les quais du Mont-Blanc et du Général-Guisan que doivent emprunter les cyclistes qui vont de la rive droite à la rive gauche.

Cette passerelle, qui en fait sera une vraie promenade, permettra de boucler le « U pédestre » et, par ricochet, le « U cyclable » autour de la Rade, puisque le trottoir en amont du pont du Mont-Blanc, libéré des piétons, sera aménagé en piste cyclable bidirectionnelle qui reliera les pistes cyclables du quai du Mont-Blanc et du quai Gustave-Ador. Cet ouvrage clarifiera donc les flux entre piétons et cyclistes, tout en maintenant les gabarits routiers et en ne supprimant aucune voie pour le trafic automobile sur le pont du Mont-Blanc.

LA CRÉATION D’UN NOUVEL ESPACE URBAIN OUVERT SUR LE LAC

Cette passerelle est bien plus qu’une simple passerelle ! D’une longueur de 268 m et d’une largeur de 4,8 m, soit deux fois plus large que le trottoir actuel du pont du Mont-Blanc, elle offrira une promenade où les piétons, séparés des cyclistes et protégés des nuisances sonores routières, pourront se déplacer rapidement, déambuler, flâner, s’asseoir sur un banc et contempler la vue époustouflante sur la Rade. Cette passerelle- promenade sera ainsi un lieu de convivialité accessible à tout le monde, y compris évidemment aux personnes à mobilité réduite.

D’ailleurs, le jury, qui délibérait sur plus de 50 dossiers anonymes, a voté à l’unanimité pour cette passerelle du « bureau d’architectes Pierre-Alain Dupraz et d’ingénieur en structure Ingeni SA », convaincu par ce projet qui embellira la Rade et s’insérera dans ce site emblématique de Genève sans boucher la vue sur le lac depuis le pont du Mont-Blanc ou l’île Rousseau.

UN PROJET POUR PENSER L’AVENIR DE GENÈVE

Ce projet n’est pas un vieux projet ressorti d’un tiroir, mais il fut bloqué plusieurs années, car lors du lancement du concours, en 2012, le magistrat Pagani n’avait pas consulté la CGN. Or, la flotte « Belle Époque » a besoin d’espace pour manœuvrer et ce projet rendait périlleux l’accostage de ces bateaux. Le projet fut alors repris par la Ville qui a exprimé sa volonté de maintenir les bateaux CGN dans la Rade et d’associer la CGN aux études du dossier. Les simulations de manœuvre ont démontré qu’avec quelques adaptations, notamment une implantation moins invasive sur le plan d’eau et le déplacement des deux débarcadères au Jardin Anglais, la CGN pourrait maintenir son offre. La CGN s’est montrée alors favorable à la réalisation d’une passerelle piétonne qu’elle soutient tout comme Genève Tourisme et l’ensemble des milieux économiques.

C’est un miracle qu’il n’y ait pas encore eu d’accidents graves entre ces usagers qui se déplacent dans les mêmes lieux.

QUESTIONS ET CRITIQUES D’OPPOSANTS À LA PASSERELLE

Le coût de 54 millions est souvent mentionné comme rédhibitoire. Certes, c’est cher ! Mais ce montant comporte des charges annexes d’un montant de 17 millions : déplacement des débarcadères, aménagements paysagers, réfection des barrières du Jardin Anglais, construction de la piste cyclable sur le pont du Mont-Blanc, modification de la descente sous le pont du Mont-Blanc transformée en aire de détente, frais administratifs, ce qui ramène le coût de l’ouvrage à moins de 40 millions.

Par ailleurs, ce coût, passé au crible, s’explique aussi par le prix de l’acier qui a atteint en Europe un niveau historique compte tenu de la guerre en Ukraine et par la complexité du chantier. En effet, les travaux se feront depuis le lac pour ne pas perturber la circulation sur le pont du Mont-Blanc. Au demeurant, ce projet d’agglomération bénéficiera d’une subvention de plus de 5 millions de la Confédération, d’un don de 10 millions d’un mécène et d’une participation du Canton de 13 millions. Resteront à la charge de la Ville 26 millions. Aussi, oser prétendre que la Ville pourrait mieux dépenser ces 54 millions est un argument fallacieux. Si la passerelle est refusée, la Ville ne recevra pas un sou de Berne, ni les millions du mécène et du Canton... Rien ne se fera et la pagaille demeurera.

Ensuite, plaider pour l’élargissement du pont du Mont-Blanc témoigne d’une méconnaissance du dossier. Pour diverses raisons techniques et patrimoniales, il est impossible d’élargir ce pont. Quant à vouloir détourner les cyclistes sur le pont des Bergues, cela ne permettrait ni de boucler les « U pédestre et cyclable », ni de séparer les flux entre piétons et cyclistes, ni de résoudre le problème de la fluidité et de la sécurité de ces usagers.

Enfin, certains groupes sont contre cette passerelle, car opposés dogmatiquement aux voitures ! Ils veulent simplement supprimer le trafic motorisé en ville. Actif-trafiC, lors du débat organisé par le PLR Ville de Genève, prônait la suppression d’une ou deux voies sur le pont du Mont-Blanc pour les dédier aux transports publics et à l’aménagement de pistes cyclables. Sûr qu’avec cette idée, au demeurant illégale, car non conforme à la Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (LMCE), la Ville serait congestionnée et les entreprises encore une fois pénalisées.

UNE PASSERELLE- PROMENADE QUI VALORISERA LA RADE

Certains jugent cet ouvrage moche ! Évidemment les questions esthétiques restent subjectives.
L’histoire de l’architecture offre cependant des exemples parlants. La maison de Frank Lloyd Wright à Chicago, de 1880, fut attaquée par une pétition qui demandait la destruction de « cette verrue ». Aujourd’hui, bien patrimonial national et ouverte au public, elle séduit les foules. De même la pyramide du Louvre, tant décriée lors de son inauguration, et qui attire aujourd’hui quatre à cinq millions de visiteurs par an !

Relevons que la Commission des monuments de la nature et des sites (CMNS), toujours pointilleuse en matière de conservation du patrimoine, soutient cette passerelle et l’apprécie pour son geste architectural clairement détaché du pont et pour son expression résolument contemporaine.

Cette passerelle, qui valorise tous les modes de déplacement, est un projet fédérateur qui bénéficie d’un large soutien politique et des milieux économiques. « Genèvemobilité » qui regroupe onze associations (Genève Commerces, FER, CCIG, Node, TCS, ASTAG, FMB, UPSA, AZIPRO, AGET, AParGE) la soutient à l’unanimité de ses membres.

Le coût de 54,6 mio est réparti comme ceci :

  • 26,2 mio à la charge de la Ville de Genève
  • 5,3 mio à la charge de la Confédération (mesure d’AGGLO 1)
  • 13,1 mio à la charge du Canton de Genève
  • 10 mio assumé par le mécène

Quant au PLR ville de Genève, lors de son AG du 9 septembre 2024, il s’est prononcé clairement en faveur de la passerelle piétonne du Mont-Blanc, qui sera une véritable valeur ajoutée qui renforcera l’attractivité touristique et économique de Genève.

Assurément, voter OUI le 24 novembre 2024, lors de la votation communale en Ville de Genève, à la Passerelle piétonne du Mont-Blanc, c’est miser sur l’avenir de Genève !