Sécurisation des routes nationales : le référendum de la gauche nous fera-t-il perdre encore 20 ans ?

Par Simone de Montmollin, Conseillère nationale

Le réseau de routes nationales joue un rôle fondamental dans notre système de transport suisse. La capacité de nos infrastructures routières est saturée. Les heures d’embouteillage augmentent progressivement d’année en année. Les coûts économiques et environnementaux de cette saturation du trafic sont colossaux. Simone de Montmollin, Conseillère nationale, nous explique ici les raisons pour lesquelles il est essentiel de voter oui et ainsi permettre un aménagement de nos routes nationales.

Il y a tout juste une année, le Parlement approuvait le plafond de dépenses pour la période 2024-2027 destiné aux routes nationales. CHF 8,8 mia pour financer l’exploitation, l’entretien et l’adaptation du réseau. Le Parlement a notamment statué sur l’étape d’aménagement 2023 qui prévoit un accroissement de la capacité sur certains tronçons prioritaires. Un processus normal, qui s’inscrit dans la planification habituelle que le Conseil fédéral soumet au Parlement tous les quatre ans. Alors pourquoi votons-nous ? Parce que lorsqu’il s’agit de mobilité individuelle, les fronts se crispent. Et parce que les députés romands de droite ont pu faire ajouter le tronçon Le Vengeron-Coppet-Nyon aux cinq autres tronçons prioritaires prévus dans l’étape 2023, répondant ainsi à l’urgence d’un arc lémanique saturé. Cet ajout est soutenu par le Conseil fédéral et ne pèse pas sur son budget puisque les financements proviennent du fond FORTA. Mais il déplaît aux partis de gauche et aux organisations alliées, généralement opposés à toute mise à niveau des capacités routières. Ils ont lancé et fait aboutir un référendum.

LE RAPPORT « EVOLUTION DE LA FLUIDITÉ DU TRAFIC, 2023 » EST SANS APPEL : IL FAUT ACCROÎTRE LA CAPACITÉ POUR PRÉSERVER LE FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU DE ROUTES NATIONALES.

Le réseau de routes nationales joue un rôle fondamental dans le système de transport suisse. Les chiffres publiés dans ce rapport traduisent la réalité quotidienne de nombre d’usagères et usagers : une situation qui se dégrade chaque année, avec 30 230 heures d'embouteillage en 2019 (+100 % depuis 2010) et 48 807 heures d’embouteillage en 2023 (+22,4 % depuis 2022). Les coûts économiques et environnementaux de cette saturation sont colossaux. 87 % des heures d’embouteillage sont dues à la surcharge de trafic.

En effet, l’augmentation des heures d’embouteillage progresse significativement plus vite que celle du volume de trafic (+1,5 % depuis 2022). Cette tendance récurrente est le signe que la limite de capacité des infrastructures est atteinte. Conséquence : les routes nationales ne peuvent plus faire face aux surcharges et cette évolution met en péril la stabilité et la résilience du réseau.

Fort de ce constat, le Conseil fédéral a donné des orientations claires : d’ici 2030, il faut résoudre les problèmes les plus urgents afin de préserver la fonctionnalité du réseau des routes nationales. Car en l’absence de mesures correctives, 450 kilomètres, soit environ 20%, seront régulièrement surchargés d’ici 2040. Sur près de 170 kilomètres, les embouteillages ou les ralentissements seront quotidiens et dureront entre deux et quatre heures.

LES GRANDES VILLES ET AGGLOMÉRATIONS SONT LES PLUS TOUCHÉES PAR LES GOULETS D’ÉTRANGLEMENT. 

Jusqu’ici, il a été possible de lutter contre le risque d’engorgements par une utilisation plus efficace de l’infrastructure et des optimisations du système global des transports (installations pour harmoniser les vitesses et avertir des dangers (HV-AD), systèmes de compte-gouttes au niveau des jonctions, réaffectations locales de la bande d’arrêt d’urgence, autorisation de devancer des files de véhicules par la droite en cas de ralentissement, principe de fermeture éclair en amont de la suppression d’une voie, etc.) Ces mesures sont utiles mais désormais insuffisantes. 

En l’absence de mesures correctives,450 kilomètres, soit environ 20% seront régulièrement surchargés d’ici 2040. Sur près de 170 kilomètres, les embouteillages ou les ralentissements seront quotidiens et dureront entre deux et quatre heures. 

ACCROÎTRE LA CAPACITÉ SUR LES TRONÇONS LES PLUS FRÉQUENTÉS EST INDISPENSABLE POUR PRÉSERVER LA FONCTIONNALITÉ DU RÉSEAU DES ROUTES NATIONALES. 

Afin d’assurer la fonctionnalité du réseau à long terme, le Conseil fédéral établit un programme de développements stratégiques (PRODES) mis à jour tous les quatre ans et présenté au Parlement. Des projets à hauteur de 11,6 mia seront lancés avec une réalisation prévue d’ici 2030 pour résoudre les engorgements les plus urgents. C’est ainsi que pour l’étape d’aménagement 2023, le Conseil fédéral a proposé au Parlement d’affecter cinq projets prêts à être réalisés. Le Parlement a décidé d’en ajouter un sixième (Le Vengeron-Coppet-Nyon) prévu initialement pour une réalisation ultérieure. Une décision qui a trouvé l’appui du Conseil fédéral et du Parlement, conscients des enjeux pour la Suisse romande. 

Ces travaux permettront de supprimer le goulet d’étranglement entre Genève et Nyon et d’améliorer les conditions de circulation sur la route cantonale. Outre l’élargissement de l’autoroute à 2 fois 3 voies entre l’échangeur du Vengeron à la jonction de Nyon (19 km), l’axe de l’autoroute sera décalé sur 2,8 km pour préserver un site de reproduction des batraciens inscrit à l’inventaire national. 

Des améliorations pour le trafic secondaire (création de voies de bus et d’aménagements sécurisés pour la mobilité douce) sont aussi prévus. La mise en service complète est planifiée pour 2041 avec un début de travaux en 2033. Le coût estimé à 0,95 mia a été ajouté aux crédits d’engagement pour l’étape 2023. 

Un refus ne résoudrait rien. Les tronçons romands (Perly-Bernex- Aéroport et Villars-Ste-Croix-Cossonay) seraient repoussés aux calendes grecques et le goulot d’étranglement Vengeron-Coppet- Nyon accentuerait encore les heures de bouchons et la saturation du réseau secondaire. 

La même démarche anticipative s’applique au rail, qui bénéfice également d’un PRODES. Les deux sont l’alpha et l’oméga de notre système de transport terrestre helvétique. Ils doivent répondre aux besoins de la population. 

En conclusion, préserver le fonctionnement du réseau des routes nationales va de pair avec l’extension de capacités là où cela est nécessaire. C’est l’avis du Conseil fédéral, de la majorité du Parlement et de l’unanimité des PLR. Les Libéraux-Radicaux aux Chambres fédérales : 

  • Conseil national : 107 Oui, 87 Non, 1 abstention ; 

  • Conseil des États : 33 Oui, 6 Non, 5 abstentions. 

...  Les routes nationales doivent être désengorgées et les embouteillages réduits. 
...  Les zones d'habitation doivent être soulagées et le climat préservé. 
...  La Suisse doit pouvoir compter sur des infrastructures de haute qualité. 
...  Le financement est déjà assuré par le Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA). 

Ce n'est pas une question politique, c'est en fin de compte la questionde savoir si nous construisons l'infrastructure en Suisse telle que la population l'attend.