Formation et pénurie de main-d'œuvre : deux défis pour la Suisse de demain

Par Véronique Kämpfen, candidate au Conseil national

Les universités suisses sont parmi les meilleures au monde, la filière de l'apprentissage est également reconnue. malgré ces points forts, notre pays connaît une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. de plus, on constate que peu d'étudiants créent leur propre entreprise après leur diplôme. Véronique Kämpfen, candidate au conseil national, dresse ici un tour d'horizon des pistes pour l'avenir de la formation en Suisse.

La Suisse peut être fière de son système de formation. Ses universités sont parmi les meilleures au monde.

L'EXCELLENCE DES UNIVERSITÉS SUISSES

La Suisse peut être fière de son système de formation. Ses universités sont parmi les meilleures au monde. Nous le savons depuis 2003, année du premier palmarès mondial basé sur la performance des différents établissements.

Ce classement avait suscité un tollé. Certains pays – parmi lesquels l'Allemagne et la France, qui s'étaient toujours targués d'avoir d'excellentes universités – se sont retrouvés relégués en bas du classement, alors que la Suisse, qui jusque- là n'avait jamais vraiment brillé sur le front académique inter- national, s'est retrouvée dans la lumière. Depuis, de nombreux autres classements sont venus confirmer ce résultat et nos pays voisins ont retroussé leurs manches et regagné du galon. Ces excellents résultats ne sont pourtant pas gravés dans le marbre. Le dernier classement international fait état d'un recul des établissements suisses, sans doute lié à l'isolement académique que connaît notre pays depuis la fin des négocia- tions sur l'accord-cadre avec l'Union européenne et la sortie des programmes Horizon.

PEU D'ENTREPRENEURS

Les universités suisses se distinguent par une autre curiosité : elles ne forment quasiment que des salariés, alors que 80 % des étudiants sortant de Harvard et de Stanford créent leur propre entreprise dans les cinq ans après l'obtention de leur diplôme. La Suisse est loin du compte. À la sortie des études tertiaires, seuls 4 % des jeunes envisagent de créer leur entreprise. Cinq ans plus tard, ce chiffre monte à 16 %. La raison principale de ce relatif désamour est liée à un marché du travail dynamique, qui intègre bien les jeunes, leur offre des salaires élevés et des conditions de travail attractives.

L'APPRENTISSAGE, UNE DES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Le système de formation suisse, qu'il soit professionnel ou académique, est efficace. C'est grâce à lui que la Suisse connaît un taux de chômage des jeunes bas, actuellement de 1,7 %. L'apprentissage est une des clés de la réussite de la formation en Suisse. Il faut cependant noter de fortes disparités entre les cantons. Genève est le plus mauvais élève en la matière, avec 40 % des jeunes qui y choisissent un apprentissage, contre 66 % au niveau fédéral. De plus, la moitié des forma- tions professionnelles est donnée dans des écoles à plein temps, alors que ce type d'établissement est quasiment inexistant dans les autres cantons. Le taux d'intégration dans le monde du travail des jeunes issus de ces écoles étant moins bon que celui des jeunes issus d'un apprentissage en entreprise, le recours massif à cette formule doit être revu.

UNE PÉNURIE DE MAIN-D'ŒUVRE

Quel que soit le choix des jeunes, la question centrale est celle du but de la formation. Le plaisir en est une composante importante, mais la finalité reste de trouver sa place dans le monde professionnel, de s'y sentir bien et de pouvoir évoluer au fil du temps. Les entreprises sont en recherche constante de bons profils et la situation devient critique dans certains secteurs où règne une forte pénurie de main-d'œuvre, alors que le nombre d'emplois est en hausse dans tous les secteurs économiques. Selon le baromètre de l'emploi de l'Office fédéral de la statistique, il y a 5,34 millions d'emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire en Suisse. Ceci équivaut à une hausse de 2,2 % en l'espace d'un an, soit 115'700 postes supplémentaires. Par rapport à la même période de l'année précédente, l'emploi a progressé dans tous les secteurs.

De nombreuses entreprises se heurtent au manque de personnel qualifié. Parmi les branches les plus touchées se trouvent l'hôtellerie-restauration et la construction. Dans ce secteur, les objectifs en matière de politique énergétique et climatique amplifieront la demande de personnel qualifié pour permettre aux constructions, qui représentent un tiers des émissions de CO2 en Suisse et qui consomment 40 % de l'énergie, de répondre aux nouvelles normes. Dans les métiers de l'informatique, le besoin en personnel augmente quatre fois plus vite que dans les autres professions. D'ici à 2030, la Suisse aura besoin de 119'000 informaticiens supplémentaires. L'ingénierie n'est pas mieux lotie. La santé est également en manque chronique de professionnels dans toutes les fonctions tout comme l'industrie, qui offre un tiers de postes de plus qu'avant la pandémie.

La pénurie de main-d'œuvre ne signifie pas que des personnes non qualifiées auront de la facilité à trouver du travail. Sans formation certifiante, il devient de plus en plus difficile de trouver sa place. 13 % des bénéficiaires de l'Hospice général à Genève ont entre 18 et 25 ans, soit près de 3400 personnes. 69 % d'entre elles n'ont pas de formation ou n'ont achevé que leur formation primaire.

Des talents diversifiés, issus de toutes les filières, sont le gage du dynamisme économique et de l'intégration sociale de toutes et tous.

QUELLES SOLUTIONS POUR L'AVENIR DE LA FORMATION ?

Face à ces difficultés, quelles sont les pistes de solutions ? La première est la formation de la relève. L'orientation professionnelle est la clé pour guider les jeunes vers les secteurs d'activité concernés par ces pénuries. C'est non seulement le gage d'un emploi à la sortie des études, mais aussi l'assurance de pouvoir se développer au cours de sa carrière et de profiter de conditions de travail attractives ou de lancer son entreprise dans ces secteurs en plein développement. 

La deuxième piste est la formation continue en emploi ou la reconversion professionnelle. De nombreuses entreprises proposent un perfectionnement ciblé à leur personnel pour pallier un manque de compétences. C'est profitable pour leur propre activité mais aussi pour leurs collaboratrices et collaborateurs, qui voient ainsi leur employabilité augmenter.

Une formation initiale solide et des formations continues sont les bases permettant de s'intégrer dans le marché du travail et de construire l'avenir. Le PLR s'engage tant en faveur de la formation professionnelle qu'académique et soutient les entreprises dans leurs efforts de formation. Des talents diversifiés, issus de toutes les filières, sont le gage du dynamisme économique et de l'intégration sociale de toutes et tous.