Après l’échec de la loi sur le CO2

La loi sur le CO2 a été refusée à une faible majorité par le peuple suisse en juin dernier. Il est donc de notre devoir de remettre l’ouvrage sur le métier afin de construire un compromis qui demeure ambitieux et qui convainque une majorité pour permettre à la Suisse d’atteindre ses objectifs environnementaux en 2030 et 2050.

Rappelons que le réchauffement climatique est un des plus grands défis posés à l’humanité en ce 21ème siècle. Particulièrement touchée, la Suisse se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale (+2°C depuis 1864). Je suis d’avis que le principe du pollueur-payeur, véritable incitatif pour faire évoluer les comportements, doit rester un paramètre important de cette nouvelle loi.

Mais, il s’agira également de favoriser les investissements dans les innovations de demain en faveur d’une croissance verte et décarbonnée.

Comme le relève The Economist dans son édition du 21 août dernier, les investissements verts connaissent un véritable « boom ». Ainsi, en 2020, le nombre de nouveaux brevets d’invention concernant des technologies propres (batteries, hydrogène, smart grids, capture de carbone, …) est nettement supérieur à ceux de technologies relatives aux énergies fossiles. L’an dernier, selon Bloomberg, quelque 500 milliards de dollars ont été investis dans les énergies de transitions, soit deux fois plus qu’en 2010.

A relever également l’importance que prennent les critères ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les stratégies d’investissement des banques et de leurs clients. La palette de produits ESG s’accroit chaque année avec des stratégies vertes plus ou moins prononcées selon les produits. La place financière genevoise a depuis longtemps intégré ces considérations et fait figure de leader dans le domaine de la finance d’impact. Ce mouvement se matérialise aussi dans les objectifs que se fixent les grandes entreprises, à l’image de Nestlé (CHF 84 milliard de chiffre d’affaires et 273'000 employés dans le monde) qui veut atteindre la neutralité carbone pour son groupe d’ici à 2050.

Le défi climatique à relever est énorme. Des changements d’habitudes seront nécessaires, c’est certain. Je ne crois cependant pas au chemin de la décroissance, mais à celui d’une nouvelle croissance basée sur des technologies propres pour que l’activité humaine ne se fasse pas au détriment de la planète.

Ces changements vont intervenir grâce à l’investissement massif dans l’innovation. Fort heureusement, le changement, s’il doit encore s’accélérer, est aujourd’hui en marche.

Alexandre de Senarclens