​Deux UDC légitimés

Le Conseil fédéral a été élu par les Chambres pour quatre ans. Guy Parmelin, l'un des trois candidats présentés, au choix, par l'UDC est le nouveau ministre. L'étonnant est sans doute qu'un troisième Romand siège ainsi au Gouvernement. Cela pourrait, entre autres choses, éloigner l'entrée, pourtant nécessaire, d'un Tessinois. Voici donc la formule magique formellement restaurée, au grand dam des Socialistes et des Verts. Ils voulaient un élu du Centre et une majorité de Centre gauche avec deux Socialistes, un PDC et un Centriste. Ce serait contraire au résultat des élections fédérales d'octobre. Et puis quel Centre ? Le PBD sans Evelyne Widmer Schlumpf a-t-il encore une raison d'être ? Y a-t-il une conjonction politique entre les Verts, très à gauche, et le PDC qui peut être qualifié de centre droit ? PDC qui a donc bien plus de raisons de cousiner avec le PLR. Non, ce rétablissement d'un équilibre logique au Conseil fédéral est à saluer.

Certes, tous ont critiqué la clause d'exclusion inscrite dans les statuts de l'UDC, laquelle visait à excommunier tout élu UDC au Conseil fédéral qui n'aurait pas été sur le ticket officiel de son Groupe. L''idée était évidemment d'empêcher un nouveau coup comme en 2007, lequel avait éjecté Christoph Blocher du Gouvernement. Cette clause est certes choquante car elle s'en prend à la liberté de choix du Parlement. D'ailleurs, à plusieurs reprises les Chambres ont élu des candidats non officiels de leur parti. La triple élection de 1973 est inscrite dans les annales parlementaires. Mais ceux qui ont dénoncé le plus fort cette clause sont les Socialistes. Or ce sont ceux qui devraient être les moins bruyants là-dessus. Quelle mémoire courte ! Il n'y a pas si longtemps, les Chambres fédérales avaient préféré le Socialiste neuchâtelois Francis Mattey à la candidate officielle Christiane Brunner (pour laquelle l'auteur de ces lignes avait bien sûr voté). Ce fut un drame chez les députés socialistes. Le Neuchâtelois avait demandé un délai pour décider s'il acceptait ou non son élection. Il raconte aujourd'hui qu'il a cru se faire lyncher par des camarades du Groupe en furie, particulièrement les femmes. La pression a été tellement violente qu'il a renoncé à son élection pourtant voulue par les Chambres. Cela a abouti finalement au choix de Ruth Dreifuss. Il n'y avait pas de clause d'exclusion dans les statuts du parti mais en pratique ce fut la même chose. Alors, franchement, que les Socialistes parlent de cette clause avec moins de véhémence. Ce sont les politiciens libéraux, plus constamment respectueux de la liberté des personnes et du Parlement qui sont les plus légitimés à la critiquer. Cela étant, il serait bon que l'UDC l'enlève de ses statuts. 

Un dernier point. On reproche à juste titre à l'UDC de jouer plus à l'opposition qu'à la conciliation au sein du Parlement. Mais ce reproche a souvent été adressé aux Socialistes. Donc, là encore, ceux qui crient le plus fort n'en ont pas forcément la plus grande légitimité. 

Ce qui est pourtant vrai, c'est que l'on attend de l'UDC, avec ses deux sièges au Conseil fédéral, une inflexion dans le discours et l'attitude. Même si 2016 verra des affrontements devant le peuple au gré d'Initiatives déjà lancées par l'UDC. Peut être que Guy Parmelin devra les combattre publiquement au nom de la collégialité gouvernementale. C'est là-dessus que l'on évaluera si une formule magique au plein sens politique du terme est de retour.