Genève - Faro: avion, train ou voiture ?

Durant l'été, j'ai eu le plaisir de me rendre comme simple touriste en Algarve, accueillante région du Sud du Portugal dont la capitale est Faro.

Par un beau week-end de juillet, j'ai pris un avion de la compagnie Easyjet qui assure la liaison régulière avec cette destination. En montant dans l'appareil, j'étais hanté par l'anathème jeté par certains contre la « Compagnie orange », accusée de tous les maux.

Une fois confortablement assis dans mon siège, ma conscience s'est quelque peu apaisée en considérant que de nombreuses places étaient occupées par des familles parlant portugais. Elles rentraient manifestement dans leur pays d'origine pour les vacances.

Ce constat m'a conduit à me poser la question du mode de transport optimal pour une famille, composée par hypothèse de deux parents et de deux enfants, voulant légitimement retrouver ses racines lusitaniennes, transportant avec elle les bagages nécessaires pour un séjour de plusieurs semaines.

En substance, le vol Genève – Faro dure environ 2 h 30, auxquelles il faut rajouter les éventuels (voire fréquents) retards.

En train, cela se complique.

Deux options d'une durée comparable, soit environ 29 heures de trajet, s'offrent aux inconditionnels du rail. Vous pouvez prendre le TGV pour Paris Gare de Lyon (pour autant qu'elle ne soit pas paralysée par une grève), puis changer de gare et atteindre la Gare Montparnasse (pour autant qu'elle ne soit pas paralysée par un incendie). Depuis là, un autre TGV vous amènera en 5 heures environ à Handaye, lieu de départ du train de nuit arrivant à Lisbonne le lendemain matin à 7 heures 20. Ensuite, un Intercity vous conduira en à peine 3 heures à la destination finale, Faro, où vous arriverez frais et dispos.

L'autre option vous amène de Genève à Faro en passant par Lyon-Part-Dieu, Béziers, Barcelone, Madrid (avec changement de gare), Lisbonne (en train de nuit) et Faro.

Si vous préférez la route, le site internet Via Michelin vous propose deux itinéraires pour avaler les quelque 2'000 kilomètres séparant Genève de Faro. Prévoyez une vingtaine d'heures de conduite dans le meilleur des cas (tout en rappelant que le 4 août 2018 par exemple, les médias annonçaient 705 kilomètres de bouchon au total sur le territoire français et une canicule historique, conditions objectivement peu propices à un voyage apaisant).

D'un point de vue statistique, la communauté portugaise représentait 37'388 personnes à fin 2014, soit la population d'origine étrangère la plus importante du canton, contribuant de manière significative à la prospérité de Genève. Personne ne contestera son droit à retourner au pays de manière régulière.

Peut-on les empêcher de prendre l'avion pour effectuer ce voyage en exigeant la réduction de la desserte aérienne depuis Cointrin ou en rendant les billets prohibitifs par une augmentation massive des taxes aéroportuaires ? Peut-on obliger ainsi ces habitants du canton à prendre le train ou la voiture, aux conditions décrites précédemment ?

Certains, notamment parmi les Verts (mais pas seulement), devraient avoir le courage d'expliquer à nos amis d'origine portugaise qu'à leurs yeux le transport aérien est à proscrire ou, au minimum, à renchérir drastiquement, en particulier sur les lignes européennes. Pour eux, il faut favoriser avant tout les trains de nuit et les vols long-courriers.

On les comprend aisément lorsque l'on constate sur les réseaux sociaux que certains accomplissent des vols intercontinentaux vers des destinations autrement plus lointaines que Faro ….