Il était l'âme du Rassemblement jurassien. Il était l'éditorialiste flamboyant du <jura style="color: inherit;">. Il fut le Premier Président du Parlement jurassien. Roland Béguelin, le Saint Just de Delémont, n'était pas pleinement heureux en fêtant la création du Canton du Jura. En effet, une procédure de plébiscite en cascade permit aux trois districts du Sud d'exprimer leur volonté de demeurer bernois. Une procédure scélérate clama Roland Béguelin, un reniement d'une histoire ancestrale qui postulait l'unité des six districts francophones, à réunir dans le nouveau canton. Mais les oppositions de religion, de tempérament, d'intérêts économiques aussi l'emportèrent sur la communauté de langue française. Le Jura fut coupé en deux. Ah si, à l'époque on avait pu mettre sur pied un statut d'autonomie au sein du Canton de Berne, comme l'avait imaginé Max Petitpierre, quitte à ouvrir pour le futur une perspective d'indépendance complète ! Aurait-on évité la division ?</jura>
Cette lutte jurassienne entre séparatistes et anti séparatistes fut âpre. Depuis ces années septante, il y eut maintes tentatives pour faire évoluer la situation. Finalement, l'année dernière et avec l'accord des autorités bernoises, une consultation de tous les Jurassiens eut lieu. La question : voulez vous effacer le Canton du Jura actuel, réduit aux anciens districts du Nord, afin de créer un nouveau Canton comprenant le Nord et le Sud ? Eh bien, au Nord, on a voté oui, mais sans les trépidations héroïques rythmées à l'époque par feu Roland Béguelin. Mais au Sud, on a récidivé dans le non et la volonté de demeurer bernois ; sauf en ville de Moutier, de peu.
Désabusé, voulant tourner la page, le Gouvernement jurassien vient de faire savoir que la réunification n'était plus son objectif et que la collaboration serait le chemin à suivre. Dire que le Projet de Constitution jurassienne avait contenu, d'abord, un article exigeant l'engagement du Gouvernement dans un combat en vue de la réunification. Les Chambres fédérales ne l'acceptèrent pas car il était contraire à la paix confédérale. L'article voulu par Roland Béguelin n'eut donc aucune valeur juridique.
Les temps ont changé. La passion n'est plus au rendez vous. Tout reste en l'état. Pour Roland Béguelin, l'idéologue romantique de la francophonie, c'est comme une deuxième mort. Mais non, ne concluons pas ainsi. Il restera à jamais le héros consacré dans l'histoire jurassienne. On n'oubliera simplement pas que cette création du Canton du Jura a finalement été une démonstration de vitalité pour nos Institutions confédérales, lesquelles ont su résorber une crise grave.