La terre sainte en enfer

La terre sainte en enfer

Il arrive, devant les événements du monde, que l’on ait presque envie de pleurer. Ainsi devant ce que se passe en terre de Palestine, à Jérusalem, à Gaza, dans plusieurs villes d’Israël. Oh, que le poids de l’histoire et son lot de problèmes non résolus amènent de drames humains! 

Oui, le poids de l’histoire. Ben Gourions l’avait dit. La revendication de deux peuples sur une même terre ne peut que déboucher sur des affrontements. Avant de condamner les autorités israéliennes, prenons acte du fait que le Hamas envoie des missiles meurtriers de Gaza et qu’il persiste, dans une intransigeance idéologique, à ne pas reconnaître l’Etat d’Israël. Il y a du fanatisme et du terrorisme indéniables de ce côté-là. Ne pas le reconnaître serait aussi injuste que disqualifiant une critique unilatérale d’Israël. 

Mais, évidemment, les Gouvernements successifs d’Israël, particulièrement l’actuel, font ou soutiennent des actes inadmissibles, contraires au Droit international et aux droits de l’homme. Il est tout de même incroyable que des Palestiniens puissent être expulsés de leurs maisons à Jérusalem- est,  afin de laisser la place à des Israéliens. Il est incroyable que l’on puisse entendre des Juifs dire, comme une évidence, qu’ils étaient là avant les Arabes, il y a plus de deux mille ans, et que la présence de ces Arabes dans leurs maisons depuis plusieurs générations n’a aucune valeur.  

De manière générale, la grande faute fut de ne pas avoir avoir voulu et préparé une paix juste après la belle victoire de 1967. Le fait qu’Israël ait combattu pour sa survie et sa sécurité justifiait sa guerre et on pouvait applaudir son succès. Mais, le fait que, depuis lors, quelque 600.000 colons se soient installés en territoire conquis et occupé, sans compter le grignotage à Jérusalem- est: voilà qui est plus qu’une action contraire au Droit international; c’est une faute politique majeure dont les événements actuels sont une des conséquences. Car, depuis l’époque de la guerre, Israël a été reconnu par maints états arabes. Aucune coalition ne se profile à l’horizon pour le détruire. Il a toute sa place, avec ses points d’excellence impressionnants, sur la scène internationale. Simplement, il faudrait, dans cette région, une coexistence en paix et en collaboration de deux Etats, avec un arrangement équitable sur Jérusalem trois fois ville sainte. Or, par une suite de faits accomplis injustifiables, les autorités israéliennes ont rendu et rendent de plus en plus cette solution très difficile. Comment ne pas y voir une volonté délibérée de la rendre impossible. Dès lors, le résultat, c’est que la colère gagne non seulement les Palestiniens de la Cisjordanie occupée et de Gaza mais aussi, —et c’est nouveau,— les Arabes-citoyens israéliens. 

On aimerait un Etat d’Israël que l’on puisse admirer. Tout Européen, même suisse, ne saurait oublier les monstruosités abominables ayant découlé de l’antisémitisme. L’existence d’Israël est une belle chose. Pourquoi et comment les autorités israéliennes ont-elles réussi à en ternir l’image? Aux yeux de nombreux Juifs, aussi d’ailleurs, de là- bas et du monde. Est-il encore possible, avec l’Amérique de Biden, que la communauté internationale, en faisant la part des choses et en condamnant le terrorisme du Hamas, puisse lancer un processus conduisant à une paix juste avec deux Etats se respectant? A défaut, Jérusalem, la trois ville sainte, deviendra pour longtemps la ville où Satan jubilera devant la bêtise mortelle des hommes. 

Jacques-Simon Eggly