Lisa Mazzone: une politicienne omniprésente

Je vous l'avoue d'emblée, comme politicien local, je ne suis pas

envieux, mais sincèrement admiratif de la Conseillère nationale verte

Lisa Mazzone dont l'omniprésence est stupéfiante, tant à Berne qu'à

Genève.

 

Je suis en effet un consommateur boulimique de médias écrits,

électroniques, radiophoniques et télévisuels. Lisa Mazzone est partout,

tout le temps, sur tous les sujets. Une liste de ses interventions

serait longue comme un jour sans pain (bio).

Cependant, cette médaille a son revers. A force de consacrer son

énergie à poursuivre tous ces lièvres médiatiques à la fois, Lisa

Mazzone ne dispose manifestement plus de temps nécessaire pour prendre

le pouls des entreprises du canton dont elle est l'élue.

Pour illustrer ce constat, je citerai le dossier de la réforme de la

fiscalité des entreprises (PF 17). Lisa Mazzone est intervenue urbi et

orbi pour combattre avec véhémence ce projet qui est pourtant vital pour

le tissu économique cantonal. Au niveau fédéral, même les socialistes

genevois ont fait preuve d'une grande modération à ce propos, sans doute

conscients des enjeux pour la prospérité du pays et du canton. Sabre au

clair, Lisa Mazzone s'est érigée en cheffe de file des référendaires,

en estimant que cette réforme « poursuit la captation des ressources

fiscales des pays en voie de développement » (voir TdG en ligne du 17

septembre).  Faut-il rappeler que PF 17 conduira à une augmentation

massive de l'imposition des multinationales et des sociétés de trading

de matières premières ? Faut-il souligner que l'éventuelle baisse du

taux d'imposition introduite dans les cantons bénéficiera avant tout aux

entreprises locales ?

Avant de se lancer dans ces grandes diatribes, Mme Mazzone aurait été

bien inspirée de prendre conseil auprès de son camarade de parti,

l'ancien Conseiller d'Etat David Hiler, qui occupait certes moins le

terrain médiatique, mais avait été visionnaire quant à l'importance

cruciale de cette réforme fiscale pour Genève.

Il est un autre sujet sur lequel Lisa Mazzone ne ménage pas ses

efforts. Elle mène une croisade sans merci contre l'Aéroport

International de Genève (voir TdG du 3 novembre). Mon propos n'est

évidemment pas de minimiser ici les nuisances que cette infrastructure

peut provoquer. Je souhaite plutôt mettre en avant le fait que la

qualité de la desserte aéroportuaire est cruciale pour la prospérité

économique de notre canton, qui dépend largement d'entreprises

exportatrices (horlogerie, chimie, finance). Par ailleurs, sans un

aéroport performant, la Genève internationale ne pourrait tout

simplement pas exister.

Pour concilier les besoins de l'économie et la nécessité de lutter

contre les nuisances, le Conseil d'Etat a adopté une attitude

volontariste dans la négociation avec la Confédération du Plan sectoriel

de l'infrastructure aéronautique (la fiche PSIA) en exigeant une

réduction de l'impact en matière de nuisances sonores à l'horizon 2030.

Ce document devrait être finalisé d'ici la fin de l'année.

Dans la même perspective, la Commission de l'économie du Grand

Conseil va se pencher sur l'élaboration d'un contre-projet à

l'initiative « Pour un pilotage démocratique de l'aéroport de Genève ».

Ces efforts concrets n'ont pas l'heur de plaire à Lisa Mazzone qui

verrait sans doute d'un bon œil que l'aéroport de Cointrin dispose de la

même desserte que celui de Limoges, avec toutes les conséquences que

cela entrainerait pour le rayonnement économique et international de

Genève.

En passant, durant ses innombrables interventions médiatiques, Lisa

Mazzone devrait trouver une toute petite place pour exhorter ses

camarades à la cohérence. Les Verts ne sont en effet pas avares de

déplacements en avion….