Le retour de la guerre des transports
A l’automne dernier, la Ville de Genève annonçait vouloir mettre en place la limitation maximale de la vitesse à 30 km/h sur l’entier de son réseau routier, en invoquant la stratégie cantonale en matière de lutte contre le bruit routier et prétextant une mesure en application du plan climat communal. En janvier dernier, le Conseil d’Etat, s’appuyant notamment sur la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (LMCE), a communiqué sa nouvelle stratégie cantonale de lutte contre le bruit routier. Il propose une réduction des vitesses autorisées de façon différenciée suivant l’importance des axes routiers et suivant les heures du jour et de la nuit. Cette stratégie prévoit notamment la limitation de la vitesse des véhicules à 30 km/h dans l’hypercentre, de jour comme de nuit y compris sur les axes structurants, et une généralisation du 50 km/h la journée et du 30 km/h la nuit sur d’autres axes, notamment les axes structurants en zone II et sur la ceinture urbaine. Dans le même temps, la gauche lance diverses offensives, d’une part, une initiative souhaitant piétonniser l’ensemble du périmètre des Rues-Basses et demandant de fermer tout l’espace entre Rive et Bel-Air au trafi c motorisé privé, d’autre part dernièrement en demandant l’interdiction du trafi c motorisé aux abords des écoles, pour des motifs de sécurité. Sur ce dernier point, il convient de mentionner que la sécurisation des abords des écoles via une signalétique appropriée et avec des équipes de patrouilleurs scolaires a fait ses preuves. On sent par ailleurs un certain dogmatisme dans ce genre de propositions : quid des parents qui doivent déposer leur enfant à l’école avant d’aller au travail ou alors des parents qui doivent déposer leurs enfants dans plusieurs établissements scolaires ? Peut-être faut-il faire davantage, mais il est plus raisonnable que cela passe par l’incitation, plutôt que par l’interdiction.
De manière générale, on sent des propositions et des décisions qui ont pour unique but de paralyser l’ensemble du trafi c. L’objectif de l’Etat serait-il d’interdire à terme tout moyen de transport autre que le vélo, alors que l’on devrait privilégier une politique de la mobilité qui tient compte de tous les usagers ? L’Etat et la gauche semblent vouloir rouvrir une nouvelle guerre des transports, en oubliant le compromis voulu par la LMCE, acceptée en 2016 par 67,81 % es votants, ainsi que l’article 190 de la Constitution cantonale qui dit que « l’Etat facilite les déplacements en visant la complémentarité, la sécurité et la fluidité des divers moyens de transport publics et privés ».
Des solutions pragmatiques garantes d'une mobilité multimodale
Sur le thème de la mobilité, notre parti a rappelé à de nombreuses reprises son souhait d’une mobilité multimodale qui respecte les différents moyens de transport sans les opposer. Cette mobilité multimodale doit s’accompagner de la séparation des flux, afin de garantir la sécurité, la fluidité et l’homogénéité pour les différents modes de transports. Il est également impératif de prendre en compte les particularités de notre canton et de maintenir un juste équilibre dans l’attention accordée aux besoins des habitants de la campagne genevoise et ceux des villes du canton. Les axes d’importance, comme la ceinture urbaine et les axes structurants doivent être préservés, si l’on veut pacifier l’hypercentre, les centres urbains et les quartiers.
Concernant la volonté du Conseil d’Etat de généraliser la vitesse maximale à 30 km/h sur une grande partie des axes routiers et sur l’ensemble du périmètre urbain, le PLR avait déjà exprimé son désaccord à l’occasion de la consultation menée par le Département des Infrastructures sur les mesures envisagées, estimant qu’elles allaient à l’encontre de l’esprit de la LMCE, qui vise à préserver les axes structurants et pénétrants, mais aussi prétéritaient l’ensemble des usagers, et parmi eux les services d’urgence, alors que d’autres solutions existent.
En novembre 2021, le groupe PLR au Grand Conseil déposait par ailleurs une motion s’inquiétant des conséquences qu’aurait le projet du Conseil d’Etat en matière de lutte contre le bruit routier sur les transports publics. Cela faisait notamment suite à plusieurs interventions de l’Union des Transports Publics qui lançait l’alerte sur les projets de généralisation du 30 km/h dans différentes villes en Suisse, comme à Zurich et Lausanne, s’inquiétant notamment des conséquences sur la vitesse commerciale des bus et tramways et de l’accroissement des besoins financiers que cela impliquerait pour pouvoir maintenir le niveau et la qualité de l’offre.
Constatant que le Conseil d’Etat souhaite malgré tout aller de l’avant, sans s’inquiéter des conséquences de sa politique sur les différents usagers, le groupe PLR a pris ses responsabilités et a déposé une nouvelle motion demandant de surseoir sans délai à la généralisation du 30 km/h et de mener une étude complète et indépendante sur ses conséquences, notamment pour les transports publics, privés, professionnels et d’urgence, afin d’élaborer une nouvelle stratégie en conséquence. Ce n'est pas ce genre de mesure qui va permettre d'améliorer la santé des riverains : d’autres solutions sont possibles comme la pose de phonoabsorbant et des radars sonores. En outre, il faut sanctionner les quelques personnes qui dépassent les vitesses autorisées. Il convient de considérer les personnes qui ont besoin de leur véhicule pour aller dans le centre-ville, les artisans, les PME, les taxis et les familles. Par ailleurs, il ne faut pas prétériter les services d’urgence, ainsi que les transports publics, alors que le même Conseil d’Etat souhaite augmenter la vitesse commerciale de ces derniers. Il convient en outre d’examiner la solution au cas par cas : dans certains quartiers ou sur certains tronçons, le 30 km/h peut avoir du sens.
Dans tous les cas, le PLR souhaite un débat éclairé, qui aboutisse à une solution ne prétéritant pas l’ensemble des usagers et les services essentiels, une solution pragmatique et en faveur de la multimodalité.