Ne pas élire Mauro Poggia

S'il devait y avoir une seule raison d'élire au Conseil d'Etat genevois le MCG Mauro Poggia ce ne serait en tout cas pas celle de Maître Charles Poncet. Lui trouve qu'un Clown au milieu de tant de nuls ferait au moins rire. Pauvre Charles Poncet. Il ne fait plus rire personne. Et dire que cet homme fut député et Conseiller national libéral. Et dire qu'il a du talent. Quel gâchis à cause d'un caractère qui, évidemment, ne s'améliore pas avec le vieillissement.

Mais non, Mauro Poggia n'est pas un clown. Et il peut séduire un électorat normalement attaché à l'Entente. N'est-il pas plus modéré, moins brutal, moins vulgaire, moins extrémiste qu'un Eric Stauffer ? Sa présence au Conseil d'Etat ne donnerait-il pas au MCG une conscience gouvernementale ?

Quel trompe l'œil ! Puissent les électeurs du PLR et du PDC ne pas commettre la faute de le rajouter ! Tout d'abord, que penser d'un homme dont les fidélités changent au gré des vents extérieurs et de ses états d'âme. Chacun est libre de professer la religion de son choix. Mais ce n'est pas être islamophobe que de se demander comment un homme public peut naître et grandir comme un catholique d'origine italienne et se retrouver musulman dit convaincu. S'il n'y avait que cela, que l'on a le droit de considérer comme étant un peu troublant, surtout en regard des phobies du MCG. Mais le personnage commence par militer comme libéral, puis devient PDC et s'affiche désormais comme une figure de proue du MCG. Où est la continuité, la cohérence d'une pensée, d'une action ? Il est permis de s'interroger sur la question de l'impulsivité, de l'instabilité voire de l'opportunisme. On ne devrait pas faire confiance à un candidat qui présente ce genre de parcours si peu rectiligne ; en tout cas pas pour une élection au Gouvernement.

Quant à la modération du ton ! Vous avez lu et vu le livre de la jungle de Wall Disney. Certes, le tigre est violent mais le serpent qui sait être suave est-il vraiment moins méchant ? Avez-vous entendu le candidat Poggia à l'émission de Pascal Decaillet ? Le sujet était l'économie, l'emploi, le chômage. Le journaliste excusait Isabel Rochat dont le département s'occupe de cela. Elle devait, à la même heure, présider le Conseil d'administration de l'aéroport. Mauro Poggia perfide : mais c'est plutôt que le PLR lui interdit de parler car elle est si nulle et son bilan est si mauvais. Quelle élégance ! On se demande si Eric Stauffer n'aurait pas eu moins de venin.

L'ennui pour Mauro Poggia est qu'Isabel Rochat avait été excellente à l'émission infra rouge de la TV romande. Tous les observateurs attentifs reconnaissent que, malgré la difficulté pour elle de se confronter au Département de la sécurité, aux syndicats de policiers elle a labouré et préparé le terrain dont profite maintenant Pierre Maudet. Ainsi pour l'élément crucial qu'est la nouvelle loi sur la police. Les mêmes observateurs relèvent son engagement intense à la tête de son nouveau département afin, notamment, de lutter contre le chômage, de faciliter la réinsertion dans le marché du travail. Et puis il y a sa collégialité sans faille, sa loyauté, son élégance à elle d'esprit et d'allure. Quel contraste !

Au premier tour, des bulletins du PLR et du PDC sont sortis avec le nom d'Isabel Rochat barré. Une aberration. Mauro Poggia n'attend que cela. C'est le siège qu'il convoite, qu'il pense être à portée de son désir. C'est le siège qu'il ne faut pas lui donner. Isabel Rochat mérite la confiance pour la législature qui va commencer. Elle est un pôle de stabilité et un facteur positif pour un fonctionnement collégial de l'exécutif. Pensons à Genève.