L'arrosoir vert

Quel point commun entre la filiale suisse d'une banque française, une des principales entreprises suisses de construction ou encore une clinique privée réputée, hormis leur siège dans le canton de Genève ? Elles ont bénéficié d'argent public pour financer l'étude de leur « impact écologique et social ». 

En effet, dans le cadre de son programme « diagnostic - action », le Département de l'économie et de l'emploi (DEE) offre un audit « vert » d'un coût de 15'000 fr. aux entreprises qui le souhaitent. Le financement de ce programme a été accordé à hauteur de deux crédits de 740'000 fr. et 250'000 fr. par les partis de gauche et le MCG, contre le PLR, le PDC et l'UDC, le 2 mars 2022. 

Nos impôts financent ainsi des prestations d'audit offertes gracieusement à la filiale suisse d'une banque française, à une des plus grandes entreprises du secteur de la construction du pays ou encore à une clinique privée de grande réputation. 

Alors que des pans entiers de l'économie sont confrontés à des difficultés très importantes, que l'on assiste à un retour de l'inflation et donc une diminution du pouvoir d'achat des ménages, que les entreprises peinent à trouver le personnel qui leur est nécessaire pour fournir les prestations attendues, le Département de l'économie et de l'emploi considère qu'il est essentiel de dépenser de l'argent public pour aider des entreprises prospères à pouvoir bénéficier d'une attestation d'éco-responsabilité. 

On assiste ainsi au grand retour de la politique de l'arrosoir, qui offre des fonds publics à qui n'en a pas besoin, et ce alors que notre République est non seulement déjà surendettée mais se caractérise en outre tristement par le coût des prestations étatiques le plus élevé de tous les cantons (à 186 % de la moyenne des cantons). 

Vu de la ville haute, l'argent coule apparemment à flots. Mais pour celles et ceux qui se lèvent le matin pour travailler, pour celles et ceux qui entreprennent, pour celles et ceux que des accidents de la vie, l'âge ou la maladie empêchent d'exercer une activité lucrative, il en va autrement : l'argent est une préoccupation, encore plus avec la hausse annoncée des primes d'assurance-maladie, les augmentations de charges notifiées couramment par les régies ou encore le prix majoré des abonnements de téléphonie. L'argent public est le fruit du travail de la population, respectivement le produit des choix judicieux et fructueux opérés par des entreprises. La désinvolture avec laquelle il est offert à des entités qui n'en ont pas besoin est irrespectueuse des efforts consentis par celles et ceux qui l'ont gagné. 

Le PLR appelle dès lors instamment le Département de l'Economie et de l'Emploi à dépenser les deniers publics à bon escient et avec modération et par conséquent à mettre fin à sa politique de l'arrosoir. 

De surcroit, et c'est là un phénomène au moins aussi préoccupant, la politique énergétique cantonale ne relève en rien du DEE. Il appartient en effet à l'Office cantonal de l'énergie, et donc au Département du Territoire, de mettre en application les décisions du Conseil d'État et les dispositions légales entérinées par le Grand Conseil en matière de politique énergétique cantonale, en concertation avec les parties prenantes (Source : Plan Directeur de l'énergie 2020-2030, p. 53). 

C'est donc non seulement à rebours du bon sens, que le DEE subventionne des entreprises qui n'en ont pas besoin, mais également en totale discordance avec l'organisation voulue de l'Etat. 

Le mépris pour les institutions est dans l'air du temps. Que le DEE le pratique ne pourra que renforcer celles et ceux qui considèrent que leur cause leur permet de s'affranchir des règles communément admises. 

Le PLR invite donc le Conseil d'Etat à mettre fin à ce cafouillage et à faire respecter l'organisation qu'il a lui-même mise en place : que le Département de l'Economie et de l'Emploi cesse de se mêler de transition énergétique et qu'il se charge pleinement des missions importantes qui lui ont été confiées ! 

A chacun son métier et les vaches seront bien gardées.