Le PLR refusera le projet de budget du Conseil d’Etat

Ce matin, le Conseil d’Etat a présenté un projet de budget 2022 déficitaire de 460 millions de francs. Un budget qui ne prend pas la mesure des défis à venir et ne consacre pas les moyens suffisants à les régler.

Si le Conseil d’Etat se réjouit de rentrées fiscales supérieures à celles attendues, limitant de fait le déficit, celles-ci ne sont le fait que de la résilience et des efforts d’une partie de l’économie, malgré la crise que nous avons traversée. C’est aussi la démonstration qu’il faut sauvegarder la substance économique de notre Canton, et donc les recettes fiscales qui en découlent, en encourageant l’entrepreneuriat local avec une fiscalité concurrentielle et des conditions cadres efficaces pour nos entreprises et nos emplois.

Par ailleurs, le PLR remarque avec étonnement que les charges de fonctionnement ont considérablement augmenté, plus de 135 millions, et que cette augmentation est de 452 millions à l’horizon 2025 par rapport au budget 2021. Le Conseil d’Etat semble vouloir prendre une direction visant à accroître toujours plus la charge de l’Etat et le déficit public, à l’envers du bon sens dans une période de sortie de crise. Le PLR remarque également une augmentation de postes inconsidérée, près de 364 équivalents plein-temps en 2022, 963 à l’horizon 2025.

Le PLR est aussi déçu des maigres propositions d’économie proposées et de leur teneur. Le Conseil d’Etat semble vouloir limiter son déficit en allant chercher le manque à gagner dans les communes, pour financer ses charges dynamiques, à hauteur de près de 42 millions, sans toutefois proposer lui-même de solutions pérennes.

Notre canton n’a pas un problème de moyens, mais un problème de gestion des moyens. Prenons l’exemple du DIP, où, en 2020, le nombre d’enseignants équivalent temps plein a baissé de 14, alors que le nombre d’ETP total au département a augmenté de 104. A nouveau, les postes semblent servir à gonfler les directions générales et l’administration, au lieu d’être alloués au terrain, là où il y en a besoin, comme le souhaite le PLR. Par ailleurs, le rapport BAK commandé par le Conseil d’Etat révèle que le canton de Genève a des dépenses nettes par habitant supérieures de 89% à la moyenne des 25 autres cantons. Chiffre plus intéressant, le canton de Genève a des coûts dépassant de 39% la moyenne des cantons du groupe de comparaison spécifique, à savoir des cantons ayant un profil similaire à celui de Genève.

Le PLR ne peut donc que refuser en l’état ce projet de budget 2022. Il est nécessaire que le Conseil d’Etat ait désormais une réelle prise de conscience face à la mauvaise gestion de ses moyens, ceci malgré les efforts et propositions de notre Conseillère d’Etat, Nathalie Fontanet, qui par ailleurs est la seule ministre à faire preuve de retenue, en baissant les charges de son département de près de 34 millions. Le PLR le redit : Genève vit une crise des dépenses et non pas des recettes, ce qui a été certifié par l’étude indépendante, scientifique et neutre du BAK.

A la suite des discussions menées en début d’année 2021 avec le Conseil d’Etat, constatant que celles-ci ne mèneraient à aucune mesure structurelle et soucieux de limiter le poids de la dette pour les générations futures, le PLR et le PDC vont lancer une initiative populaire pour une gestion durable de la fonction publique. Le texte interdirait au Conseil d’Etat d’engager du personnel en cas de budget déficitaire. L’exécutif serait alors contraint d’assurer les besoins des différents départements par réallocation interne. Cette initiative vise à amener l’Etat à mettre des forces là où c’est prioritaire, comme nombre de fonctionnaires le réclament d’ailleurs. Le fonctionnement actuel, où l’on engage sans considérer les besoins réels, génère de l’insatisfaction au sein de l’administration et va à l’encontre de l’efficience que la population attend légitimement de l’Etat.

Cette initiative est une manière de repenser les priorités de l’action publique et de dynamiser une administration qui en a besoin. Elle constitue une réelle solution structurelle visant à donner à Genève de prochains budgets équilibrés, tenant compte des vrais besoins et priorités sur le terrain. Cette gestion durable de la fonction publique permettra d’éviter à la fois toute baisse de prestation et toute hausse des impôts et contribuera à respecter la contrainte légale imposant de retrouver des budgets équilibrés au plus tard en 2028.

 

Bertrand Reich,                                                                                                           
Président   

Yvan Zweifel,
chef de groupe, commissaire aux finances 

Jacques Béné,
Président de la commission des finances 

Serge Hiltpold,
député

Murat Alder,
député