Don du sang: pour une réforme fondée sur la responsabilité individuelle

De 1977 à 2017, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont été exclus à vie de la possibilité de donner leur sang en Suisse. Sur demande de l'organisation faîtière Transfusion CRS Suisse, cette situation a récemment quelque peu évolué. En effet, Swissmedic a revu ses critères au début de cette année et, depuis le 1er juillet 2017, l'exclusion définitive des hommes gays a été remplacée par une suspension provisoire d'une durée de 12 mois à compter du dernier rapport sexuel. Autant dire que ce changement exclut toujours une part importante des hommes gays du don du sang.
Outre le problème éthique que cette réglementation pose au vu des pénuries régulières de sang que connaît la Suisse, la nouvelle directive de Swissmedic est critiquable car discriminatoire. Les personnes hétérosexuelles sont en effet soumises à un régime différent : elles sont ainsi exclues du don du sang si elles ont eu des rapports sexuels avec des partenaires multiples ou avec un partenaire connu depuis moins de quatre mois. Swissmedic tente de justifier cette différence de traitement en invoquant le fait que la prévalence de VIH est plus importante chez les hommes gays que dans le reste de la population.
Il est donc important de déterminer quels sont les critères propres à exclure du don du sang les personnes qui pourraient faire courir un risque aux patients qui bénéficieront de transfusions. Ainsi, il ne paraît pas soutenable de se baser sur des statistiques ou sur un élément inhérent à la personne désireuse de donner son sang tel que son orientation sexuelle. Au contraire, le critère déterminant devrait être celui des risques effectivement pris par le donneur potentiel. C'est en faisant appel à la responsabilité individuelle de celui-ci et non en fixant des conditions illusoirement sévères qu'un approvisionnement en sang durable et sûr pourra être garanti, tout en évitant une réglementation discriminatoire dépourvue de tout fondement. Il est ici utile de
rappeler que les pochettes de sang sont systématiquement soumises à des tests, de manière à garantir la sécurité de la transfusion pour les patients.
Telle est la position soutenue par les Jeunes Libéraux-Radicaux Suisses dans leur papier de position LBGT+. L'acceptation de la motion 15.3401 par le Conseil national le 2 mai 2017 va également dans ce sens. Cette motion a en effet pour objet d'« abolir les critères d'exclusion qui s'appliquent aux homosexuels ». Elle a toutefois rencontré une vive opposition de la part du groupe libéral-radical lors du vote (23 non contre 4 oui). Au vu des arguments développés ci-dessus et des valeurs qui sont au cœur de notre parti, il serait réjouissant de constater que les Conseillers aux Etats PLR soutiennent une motion qui permettrait une réglementation non discriminatoire, sûre pour les usagers, garantissant les besoins en sang de la Suisse et fondée sur la responsabilité individuelle des potentiels donneurs.