PV 2020 - Une réforme qui manque son but

Souvenez-vous, le 25 septembre 2016, le souverain rejetait l'initiative populaire AVS+, qui préconisait une majoration de 10% de toutes les rentes AVS. Le désaveu populaire s'explique en premier lieu par le coût de l'initiative, estimé à 4,1 milliards de francs par an, qui aurait creusé un trou abyssal dans les caisses de notre principale assurance sociale. Une année plus tard, rebelote: le 24 septembre 2017, une nouvelle extension de l'AVS sera soumise au scrutin populaire. Telle que récemment adoptée par le Parlement, la réforme «Prévoyance vieillesse 2020» (PV 2020) prévoit en effet une hausse des rentes de 70 francs par mois pour tous les nouveaux rentiers. Une version «light» de AVS+ en somme, en contradiction avec l'objectif originel de la réforme fixé par le Conseil fédéral, qui était d'assurer la solidité financière de l'AVS par le maintien des rentes à leur niveau actuel. La désinvolture du Parlement sera lourde de conséquences: le vieillissement de la population aidant, l'augmentation des rentes de 70 francs se traduira à l'horizon 2030 par des dépenses additionnelles estimées à 1,4 milliard de francs. Dit autrement, la PV 2020 va agir comme un accélérateur de coûts qui, loin de les résoudre, aggrave les problèmes structurels de l'AVS. Malgré le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans et le relèvement de 0,6 point de TVA, l'AVS retombera dans le rouge dès 2025 (voir graphique). Il faudra donc une nouvelle fois remettre l'ouvrage sur le métier. Rapidement. Pour financer le bonus de 70 francs, les cotisations salariales devront être relevées de 0,3%. Une fois de plus, ce seront les entreprises qui devront passer à la caisse. Déjà confrontées et aux aléas liés au franc fort et aux incertitudes du 9 février, nombre d'entre elles ne peuvent supporter des charges supplémentaires, qui risquent de mettre en péril de nombreux emplois. L'autre grande raison qui doit pousser les citoyens à dire Non en septembre prochain au compromis bancal du Parlement est l'instauration d'une AVS à deux classes, où seuls les nouveaux rentiers recevront la bonification mensuelle de 70 francs. Cette décision, qui foule au pied le principe de la solidarité intergénérationnelle, ne fait pas que des heureux. Les retraités modestes figurent parmi les perdants de la PV 2020. Pour cette catégorie de rentiers, le supplément sur la rente AVS sera en effet neutralisé par la baisse des prestations complémentaires, exonérées d'impôts. La réforme prétérite également les jeunes et les générations futures. C'est à eux qu'il incombera de payer la facture de l'extension de l'AVS puisqu'en plus des majorations de TVA, ils subiront des ponctions de salaires supplémentaires, ils devront, à partir de 2030, régler le chèque sans provision de cette extension.


Marco Taddei,

Union patronale suisse

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