Initiative pour un frein aux coûts

Par Pierre Nicollier, Président du PLR Genève

L’initiative dite de « frein aux coûts » propose un mécanisme qui lie les dépenses de santé à la conjoncture. Les coûts pris en charge par l'assurance de base ne devraient ainsi pas augmenter, année après année, de plus de 20 % de plus que les salaires nominaux. Pierre Nicollier, Président du PLR Genève, nous explique ici les enjeux de cette votation.
 

CRITÈRE FINANCIER

En ayant un critère essentiellement financier, sans réflexion sur le fonctionnement de notre système de santé, le seul levier serait une limitation du volume de prestations conduisant à un rationnement arbitraire et donc à une médecine à deux vitesses. Un système de santé performant devrait répondre aux besoins des patients, valoriser la prévention et la qualité des prises en charge et non pas partir d’un volume de prestations défini.

Si une telle initiative avait été introduite au début du siècle, plus d'un tiers des prestations de l'assurance de base ne seraient pas couvertes aujourd'hui. Des exemples à l'étranger montrent que la limitation budgétaire pure a pour résultat une limitation de l’accessibilité aux soins, créant des délais d'attente, et dans certains secteurs, des pénuries d’approvisionnement.

BUREAUCRATIE CROISSANTE

Au cours des vingt dernières années, la LAMal (Loi sur l'assurance maladie) a été révisée 44 fois, complexifiant le système sans éliminer ses travers.

A contrario, la bureaucratie croissante consomme toujours plus de ressources. Les médecins indiquent d’ailleurs clairement que l’excès de tâches administratives est la principale contrainte au bon fonctionnement d’un cabinet. Cette initiative ajouterait une brique à cet excès de réglementation, les mesures administratives devant être adaptées chaque année.

COÛTS DU PERSONNEL

Finalement, nous devons mentionner que les coûts de la santé sont principalement liés aux coûts de personnel. Pour un hôpital, le personnel compte pour les trois quarts de leurs charges (76,4 % pour les Hôpitaux Universitaires de Genève) alors qu’il compte pour plus de 80 % des coûts dans un cabinet médical.

Le frein aux coûts augmenterait la pression sur ces ressources alors que la pénurie de personnel qualifié est à notre porte. L’OBSAN (Observatoire de la Santé) prévoit d’ailleurs que le besoin de personnel soignant en Suisse se montera à 43 400 infirmiers et infirmières diplômées de niveau tertiaire et à 27 100 personnes du niveau secondaire II tels que des assistants et assistantes en soins et santé communautaire (ASSC) à l'horizon 2029.

UN SYSTÈME DE SANTÉ EFFICACE ET RAPIDE

Une prise en charge efficace et rapide lorsque les aléas de la vie nous touchent, permet de reprendre notre vie professionnelle et d’assumer notre rôle social plus vite. Ne la remettons pas en cause. Cette initiative du Centre est combattue par un large front politique, qui comprend le PLR mais également le parti socialiste suisse, les Verts et l'UDC.

Ce large front s’étend à la plupart des associations de santé comme celle des Aides et soins à domicile, des infirmiers, des physiothérapeutes, des médecins de famille et de l’enfance et de la FMH mais également aux associations de consommateurs comme KF (Schweizerisches Konsumentenforum).

Votez NON à l’initiative pour un frein aux coûts !
 

Si une telle initiative avait été introduite au début du siècle, plus d'un tiers des prestations de l'assurance de base ne seraient pas couvertes aujourd'hui.