Instruction publique : bilan sur les projets en cours et à venir

Par Anne Hiltpold, Conseillère d’État

Anne Hiltpold, Conseillère d’État, est à la tête du Département de l’Instruction Publique depuis un an et demi. À cette occasion, le PLR Genève lui a proposé de dresser un bilan sur les mesures qu’elle a mises en œuvre ainsi que ses projets en cours de réalisation. Elle nous fait l’honneur de partager avec notre journal ses envies et ses passions pour la poursuite de son mandat à la tête du DIP.

En février dernier, j’ai présenté ma feuille de route, articulée en 17 mesures qui détaillent mes priorités pour cette législature. Certaines de ces mesures nécessiteront du temps pour être pleinement mises en œuvre, d’autres sont déjà en cours de réalisation. J’ai par ailleurs souhaité prendre le pouls des familles et des élèves concernant le fonctionnement de l’école et leurs attentes à son égard.

LARGE ENQUÊTE : COMMENT VA L’ÉCOLE ?

Au printemps dernier, j’ai souhaité sonder toutes les familles du canton pour recueillir leur sentiment sur l’école. Cette démarche inédite a reçu un accueil positif, avec un taux de participation élevé et une satisfaction générale encourageante. Ce sondage visait aussi à identifier des axes d’amélioration et je me réjouis que ces axes se soient révélés être en adéquation avec les actions inscrites dans ma feuille de route, comme une meilleure transmission de l’information destinée aux familles, une meilleure orientation à destination des élèves après le cycle, une attente forte de la mise en place d’un horaire continu et une réflexion sur le calendrier des vacances scolaires. D’ailleurs, en début d’année prochaine, toutes les familles et les partenaires de l’école pourront répondre à un questionnaire sur cette question afin de choisir entre plusieurs scénarios. Si un consensus large devait se dessiner, il s’agira alors d’un nouveau chantier !

HORAIRE CONTINU

Nous étudions en ce moment les différents modèles d’horaire continu existants en Suisse et ailleurs en Europe afin de déterminer quel serait le meilleur système pour Genève, en portant une attention particulière au modèle déjà en place à l’école des Eaux-Vives. Des consultations seront ensuite menées en associant le plus largement possible les partenaires concernés.

RÉFORME DU CYCLE

Les attentes autour de la réforme du Cycle d’orientation sont élevées tant les enjeux le sont. Cette réforme vise à atteindre trois objectifs : la hausse du niveau général des élèves en renforçant l’acquisition des compétences de base, une meilleure orientation des jeunes et la réduction du taux de décrochage à la sortie du CO qui s’élève aujourd’hui à 14 %.

J’ai lancé cet automne les travaux sur la réforme du cycle en consultant le corps enseignant sur les aspects pédagogiques de cette réforme. Nous discutons depuis des années de la structure du cycle d’orientation, mais nous ne pouvons penser la forme sans penser le fond. Un des derniers rapports du service de recherche en éducation confirme qu’au-delà de la structure, la façon d’enseigner joue un rôle crucial dans la réussite des élèves.

Sur cette base, des réflexions sont en cours dans les 19 cycles d’orientation, et une synthèse sera présentée lors d’une journée d’étude cantonale le 8 janvier. Je proposerai ensuite une consultation plus large auprès des acteurs politiques comprenant également l’axe structurel.

Entretemps, certaines mesures ont déjà été mises en place cette année pour améliorer l’orientation des élèves, comme des séances spécifiques d’information pour les parents d’élèves dédiées à l’orientation, la diffusion du journal Le Génie des métiers à tous les parents du CO et nous rendons obligatoire les stages en entreprise pour l’ensemble des élèves de 10e et 11e année.

J'ai par ailleurs entamé les négociations avec les syndicats sur la question du nombre de périodes d'enseignement, qui avaient donné lieu à une grève en février dernier. La question de l'organisation du temps de travail des enseignants, de manière générale, est aussi en discussion au sein du département.

FACILITER L'ENTRÉE EN SCOLARITÉ

Afin de garantir à chaque élève les meilleures conditions d’entrée en scolarité, j’ai mis en place la co-intervention, soit la présence d'un deuxième adulte en soutien de l'enseignant dans les classes de 1P-2P. La co-intervention a commencé à la rentrée 2024 dans près de 80 classes et elle devrait à terme être généralisée, afin que tous les enfants et leurs enseignants en bénéficient. C'est en mettant les moyens dès le début de la scolarité que nous pouvons agir pour favoriser l'apprentissage et permettre d'élever le niveau scolaire. Cette mesure vise aussi à soutenir les élèves à besoins particuliers sans négliger pour autant les élèves qui vont bien, afin de nous assurer qu’ils continuent à progresser.

UNE NOUVELLE CULTURE AU DIP

Après un an et demi à la tête du Département de l’instruction publique (DIP), j’espère être parvenue à instaurer une nouvelle culture, portée par des actions plus discrètes mais porteuses de sens, par exemple en faisant modifier certains règlements pour simplifier les démarches des familles, comme les inscriptions au programme sport-études. Autres mesures concrètes : l'ouverture aux collégiens hors filière bilingue et aux élèves de l’ECG la possibilité de participer à un séjour linguistique et aussi l'augmentation de la participation des écoles et des cycles aux programmes de camp de ski bilingue Deux im Schnee et d'échange virtuel Röstiblog, ceci dans l'objectif de permettre à davantage d'élèves de bénéficier des avantages d'une immersion linguistique et d'une approche interculturelle en Suisse.

J'encourage aussi les projets-pilotes ou une approche de l'enseignement par projet.

Enfin, j’ai soutenu le maintien des débats dans les écoles et plus largement les cours de citoyenneté, car c’est aussi à l’école de préparer les jeunes à vivre en société, leur apprendre à écouter et convaincre avec des arguments. Je défends une école qui instruit, sans militantisme dans les classes. Le manque de nuance que l'on observe de plus en plus dans la société m'interpelle et je souhaite que l'école élève le niveau de connaissances des élèves afin de participer à élargir leur compréhension du monde qui les entoure.

Vous l’avez compris c’est avec la même envie, la même passion que je poursuis mon mandat à la tête du Département et je vous remercie d’avoir participé à m’y porter.

Je défends une école qui instruit, sans militantisme dans les classes.