Blocher –Widmer-Schlumpf : parenthèse fermée

La Conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf a réussi sa sortie. Digne, porteuse de sa fonction mais modeste, juste émue mais retenue comme toujours, ne manifestant aucune nostalgie à l'idée de quitter la scène publique, s'éloignant déjà vers sa sphère privée discrète, avec le sentiment du devoir accompli et de l'ambition assouvie : bref, le meilleur du style suisse qui frappe encore tellement les observateurs étrangers. Oui, devant cette non scène des adieux, chapeau bas, Madame. 

En revanche, on n'a pas fini de discuter au sujet de son action durant ses huit ans de mandat. Sans aucun doute, bien des aspects méritent l'éloge. D'autres moins. Si la pression était devenue trop forte pour maintenir le secret bancaire contre vents et marées, fallait-il céder si vite aux Américains sans recevoir de garantie de réciprocité, d'égalité de traitement ? Certainement non. 

Toutefois, le moment n'est plus ou pas encore au bilan. Il est dans la préparation de la succession. Ici, il faut remettre les événements dans leur contexte et voir les choses clairement. En 2003, il était logique que le Parlement donnât un deuxième siège à l'UDC après sa victoire électorale spectaculaire. On adaptait la répartition à l'esprit de la formule magique établie en 1959. Et le PDC perdit logiquement son deuxième siège. Il était compréhensible que le Parlement, même inquiet, acceptât l'élection de la figure de proue, Christoph Blocher , pour occuper ce deuxième siège. On espérait le voir soluble dans la collégialité gouvernementale. Le complot PDC-socialiste visant à empêcher sa réélection en 2007 a réussi. Le Parlement a élu Eveline Widmer –Schlumpf. On connait la suite, qui n'avait pas vraiment été prévue par les comploteurs. L'élue aux nerfs d'acier, exclue de l'UDC tout comme sa section grisonne, a suscité la création du petit Parti bourgeois démocratique (PBD). Et elle a tenu bon. Mais comment ne pas reconnaitre une anomalie politique due aux circonstances ? Le Parlement devra élire un deuxième UDC le9 décembre. C'est évident. Toutefois, le Groupe UDC serait bien inspiré de présenter, par exemple, deux candidats, offrant un choix aux Chambres. De toute façon, il faudra que le ou les candidats s'engagent clairement à respecter la collégialité, à limiter au maximum les propos publics dissidents et partisans. Ueli Maurer ne s'en est pas mal tiré à cet égard. On pense aux relations avec l'Union européenne, aux décisions sur l'immigration, notamment. Après tout, les Socialistes sont habitués à cette tension entre leur parti et leurs conseillers fédéraux. C'est inhérent à la formule magique. 

Reste à observer qui seront les candidats. Quelle que soit l'estime dont bénéficie le Vaudois Guy Parmelin, on voit mal un autre qu'un Suisse allemand occuper ce siège, les Romands en ayant déjà deux. Si un latin devait émerger, ce serait bien le tour d'un Tessinois. Mais croyons plutôt à une succession logique : les uns et les autres désirant fermer la parenthèse Blocher-Widmer-Schlumpf : ennemis dans leur vie politique, accouplés dans les annales de la petite histoire suisse.