Pierre Maudet & Nathalie Fontanet disent "non" à l'initiative UDC

Pierre Maudet, conseiller d'Etat, chef du Département de la sécurité et de l'économie:

"Non à l'initiative contre l'immigration de masse, les bilatérales sont le carburant de la Suisse."

Quel serait l'impact de l'initiative à Genève?

PM: La libre circulation des personnes a permis aux entreprises de créer à Genève les emplois qu'elles auraient dû délocaliser. Notre canton compte environ 60'000 emplois de plus que de personnes actives. La libre circulation des personnes est un carburant essentiel de notre économie.

Sa mise en oeuvre doit se faire de manière plus rigoureuse et davantage contrôlée. La pression migratoire que connaît notre région - entre 2002 et 2012, la population a augmenté de 43'000 habitants et, chaque jour, 85'000 frontaliers viennent travailler à Genève - génère des craintes auprès de la population. L'État doit montrer qu'il peut maîtriser les flux migratoires. Les abus doivent être punis.

L'initiative UDC prétend résoudre le problème d'insécurité.

PM: C'est faux. La prison de Champ-Dollon est remplie aux trois quarts de détenus étrangers. Mais ce sont surtout des criminels entrés en Suisse de manière illégale et non grâce à la libre circulation. On ne viendra pas à bout de la criminalité «importée» en s'attaquant à la libre circulation des travailleurs, mais en signant des accords de réadmission et en mettant à jour nos instruments de sécurité. Nous avons déjà commencé en doublant les places de prison d'ici 4 ans et en engageant 600 policiers d'ici 2020.

Nathalie Fontanet, députée:

"L'initiative contre l'immigration de masse mettrait fin à notre réussite économique."

Quel serait l'impact de l'initiative sur les bilatérales?

L'initiative UDC remet en question l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'Union Européenne, entraînant la renonciation à tous les accords bilatéraux. Ce serait l'abandon de la réussite du modèle économique suisse.

Et sur Genève?

L'initiative concerne également les frontaliers qui représentent un quart des travailleurs dans notre canton. !:acceptation de cette initiative serait susceptible de paralyser Genève, avec une perte de main-d'oeuvre qualifiée en particulier dans les domaines de la santé, du commerce ou de la construction.

Et sur notre économie?

Un tiers des places de travail en Suisse dépend du commerce avec I'UE et un franc sur deux est gagné grâce aux transactions avec I'UE. C'est ce contexte économique

favorable engendré par les bilatérales qui permet d'offrir des emplois. Si 11nitiative passait, nous ne pourrions plus offrir prospérité et emplois à nos enfants.

Quel serait le coût administratif?

L'initiative représente un monstre bureaucratique très coûteux pour les contribuables. Aujourd'hui il suffit à un membre de I'UE d'avoir un contrat de travail pour bénéficier de la libre circulation. Il appartiendrait à l'Etat d'évaluer qui a le droit d'immigrer et dans quelles entreprises des travailleurs sont nécessaires.

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