Le 17 novembre, le Conseil administratif a présenté une nouvelle version du budget 2026. Après le refus d’entrée en matière de la première mouture en septembre, qui affichait déjà un déficit de 62 millions, on pouvait légitimement espérer une réorientation claire, accompagnée d’un effort substantiel de maîtrise des dépenses. Il n’en est rien : la version bis aggrave encore la situation financière, en portant le déficit à – 69,3 millions de francs. Nadine Béné et Maxime Provini, conseillers municipaux, nous détaillent les enjeux et les défis présentés par la situation budgétaire de la Ville de Genève.
Des mesures d’économie insuffisantes
Certes, le Conseil administratif a proposé plusieurs mesures d’économie : gel des salaires, gel de 55 postes vacants, réduction de certaines charges et diminutions ciblées de dépenses. Ces décisions vont indéniablement dans la bonne direction et méritent d’être saluées. Cependant, ces mesures demeurent insuffisantes pour atteindre l’objectif fixé par l’exécutif lui-même au printemps, à savoir un retour progressif à l’équilibre budgétaire d’ici 2033. Pour sa part, le PLR a clarifié ses attentes en adoptant une motion limitant le déficit à 49 millions de francs. Il manque donc encore près de 20 millions d’économies à identifier par le Conseil administratif pour répondre à cet objectif.
Forte diminution des revenus fiscaux provenant des personnes morales
La situation budgétaire de la Ville est fortement affectée par un élément déterminant : une diminution des revenus fiscaux de près de 28 millions de francs, provenant essentiellement des personnes morales, conséquence directe d’une conjoncture fragile et d’un environnement économique instable, en Suisse comme à l’international. Dans ce contexte, il appartient au Conseil administratif d’assumer pleinement sa responsabilité politique en ajustant le niveau des charges à des recettes en recul.
« Notre responsabilité est de défendre une ligne claire, cohérente et lisible : reconnaître les efforts réalisés, mais refuser de cautionner un budget encore plus dégradé que le précédent. »
Des dépenses qui continuent à augmenter
C’est bien là que réside l’enjeu : malgré la baisse des revenus, les dépenses continuent d’augmenter, notamment dans des domaines essentiels mais coûteux, comme l’accueil de la petite enfance. Le Conseil administratif entend d’ailleurs poursuivre certains investissements sociaux, notamment en créant de nouveaux postes en crèche. Un choix politiquement cohérent, mais qui exige en parallèle un pilotage financier beaucoup plus rigoureux, pilotage qui n’a pas encore été démontré.
Une demande raisonnable de la majorité : limiter le déficit à 49 millions
Plus préoccupant encore, il fait fi de la demande pourtant raisonnable d’une majorité du Conseil municipal – PLR, UDC, MCG, Centre et Vert’libéraux – qui exige de respecter l’objectif récemment voté : limiter le déficit à 49 millions. On ne peut pas parler de « retour à l’équilibre » lorsqu’on s’en éloigne plus encore.
Certains groupes estiment qu’il faut tout de même accepter l’entrée en matière, afin de permettre le débat en commission. Pour le PLR, accepter l’ouverture de ce débat reviendrait déjà à valider un niveau d’ambition insuffisant. Notre responsabilité est de défendre une ligne claire, cohérente et lisible : reconnaître les efforts réalisés, mais refuser de cautionner un budget encore plus dégradé que le précédent.
Menace de retour au budget 2025, pression politique inacceptable
Par ailleurs, le Conseil administratif tente d’exercer une pression politique en agitant la menace d’un retour au budget 2025 en cas de refus. Une telle stratégie est inacceptable : il appartient d’abord à l’exécutif de présenter un budget crédible et maîtrisé, et non au Conseil municipal de l’accepter sous la contrainte d’une alternative encore moins satisfaisante.
Notre objectif : protéger les finances de la Ville
Malgré la gravité de la situation, le PLR Ville de Genève restera, comme toujours, constructif. Une majorité ayant décidé de renvoyer ce budget en commission, nous participerons aux travaux, proposerons des ajustements et chercherons des solutions. Notre objectif est simple et constant : protéger les finances de la Ville, garantir une gestion responsable et éviter que les Genevoises et les Genevois – aujourd’hui comme demain – paient le prix d’une politique budgétaire déconnectée des réalités.