Votations municipales / Anières : Chauffage à distance : une ambition énergétique à la pertinence contestée

Par Blaise Giroud, Conseiller municipal
 

Le 30 novembre, la population aniéroise se prononcera sur le crédit de construction d’un réseau de chauffage à distance alimenté par l’eau du lac. Étape vers la transition énergétique, ce projet vise à réduire les émissions de CO₂ et la dépendance aux énergies fossiles grâce à une énergie locale et renouvelable. Ses objectifs sont légitimes et partagés. Si le PLR Anières soutient la transition énergétique, il n’adhère pas au projet soumis au vote qu’il estime trop coûteux et risqué pour le village.

L’idée n’est pas nouvelle. Entre 2017 et 2024 plusieurs variantes ont été étudiées en partenariat avec de grands fournisseurs d’énergie, comme le Groupe E et les SIG. Mais après leur retrait successif du projet, l’exécutif communal a décidé en quelques mois d’en reprendre seul la maîtrise d’ouvrage, faisant peser la totalité du risque financier sur la collectivité.

Un poids financier considérable pour la commune

L’investissement, estimé à au moins 22,5 millions de francs (crédit complémentaire et d’étude inclus), représente un poids considérable pour une commune de la taille d’Anières, limitant durablement ses capacités d’investissement pour d’autres besoins essentiels. En outre, un tel réseau, dont chaque raccordement coûte environ 100 000 francs, nécessite une forte densité d’habitat pour être rentable, ce qui n’est pas le cas à Anières.

Des investissements supplémentaires nécessaires pour les usagers

Pour les futurs usagers du réseau, le coût moyen du kilowattheure, évalué à 19 centimes en 2021, a presque doublé, à près de 34 centimes aujourd’hui. Ces derniers devront de plus financer eux-mêmes leurs pompes à chaleur ainsi que supporter les frais d’électricité et d’entretien. Des pompes à chaleur individuelles doivent en effet être installées dans chaque bâtiment, car, contrairement à son appellation, ce réseau thermique ne distribue pas de l’eau chauffée à distance mais de l’eau froide.

Un contexte financier tendu

Ce projet intervient dans un contexte financier tendu : après plus de 100 millions de francs d’investissements votés lors des deux dernières législatures et alors que les recettes fiscales sont en forte baisse, un tel engagement financier pour un réseau couvrant à peine 20 % du territoire communal paraît peu responsable. Il risquerait d’entraver la réalisation d’autres projets d’utilité publique attendus : sécurité, infrastructures sportives, restaurant scolaire, mobilité, etc.

Un projet insoutenable, une décision précipitée

Le PLR Anières, dont cinq membres sont à l’origine du référendum lancé en février dernier (300 signatures recueillies en dix jours), estime que ces conditions rendent le projet actuel insoutenable. Il déplore une décision précipitée du Conseil municipal, votée le 17 décembre 2024 – trois mois avant les élections – sans consultation populaire ni plan de financement complet. Les élus PLR avaient pourtant proposé de reporter le vote pour clarifier ces points essentiels, mais en vain.

Le PLR considère que le chauffage relève avant tout de la responsabilité et du libre choix des propriétaires fonciers, mieux à même de choisir et de planifier les solutions adaptées à leur situation : pompe à chaleur air-eau, géothermie, ou autre technologie durable. Il souligne aussi les risques liés à une gestion communale du réseau : un monopole public sans garantie tarifaire, susceptible d’imposer ultérieurement des hausses de prix aux usagers captifs. Enfin, comme l’expérience genevoise le montre actuellement dans certains quartiers de la ville, la construction d’un tel réseau s’accompagne de nuisances considérables (bruit, circulation entravée, pollution, poussières) pendant plusieurs années.

Ainsi, le projet, conçu dans la précipitation, sans partenaire énergétique solide ni plan financier crédible, fait peser sur la commune et ses habitants un risque démesuré pour un bénéfice limité. Le 30 novembre, il ne s’agit donc pas de s’opposer à la transition énergétique, mais de garantir une gestion responsable des finances communales et la liberté de choix des habitants.

C’est en ce sens que le PLR Anières recommande de voter NON.

« Des pompes à chaleur individuelles doivent être installées dans chaque bâtiment, car, contrairement à son appellation, ce réseau thermique ne distribue pas de l’eau chauffée à distance mais de l’eau froide. »