DOSSIER INITIATIVE "POUR L'AVENIR" : Une initiative qui met en péril l’avenir de notre pays

Par Cyril Aellen, Conseiller national

Le 30 novembre, le peuple suisse sera appelé à se prononcer sur l’initiative de la jeunesse socialiste, trompeusement intitulée « Pour une politique climatique sociale, financée de manière juste (initiative pour l’avenir) ». Ce texte n’a d’avenir que dans son intitulé. Derrière un slogan racoleur se cache une vision idéologique qui menace à la fois notre prospérité, notre compétitivité et, paradoxalement, la cause climatique qu’elle prétend défendre. Cyril Aellen, conseiller national, nous expose les raisons pour lesquelles il convient de rejeter fermement cette initiative.

Une mesure excessive et contre-productive

L’initiative des jeunes socialistes n’y va pas par quatre chemins : elle souhaite mettre en place un impôt successoral de 50 % minimum sur les grandes fortunes. Une mesure radicale qu’aucun pays n’a jamais imaginé mettre en place tant elle est excessive et contre-productive. Elle repose sur une illusion : on pourrait construire un avenir radieux en captant la richesse de ceux qui ont réussi. Pourtant, l’histoire est remplie d’exemples où la confiscation des biens, dans une ampleur bien moindre pourtant, a produit l’effet inverse de celui escompté : fuite des capitaux, désertification économique, appauvrissement général.

Les initiants nous promettent une manne fiscale colossale et prétendument affectée au climat. Il n’en est rien. Mais les personnes fortunées sont souvent des entrepreneurs qui veulent produire et développer leurs activités. Elles ne restent pas immobiles. Elles se déplacent, elles investissent et elles s’exilent si l’impôt devient confiscatoire. Elles ne veulent pas voir le fruit de leur travail et de leurs investissements disparaître dans les tréfonds d’un État vorace. En d’autres termes, lorsqu’on sacrifie des acteurs essentiels de notre prospérité sur l’autel de la jalousie sociale, on détruit les conditions de cette même prospérité.

Le secteur privé, un acteur clé de l’efficacité énergétique

Même en admettant que ces fonds restent en Suisse, encore faudrait-il que l’État les utilise efficacement. Or, l’expérience enseigne le contraire. Combien d’écoles publiques attendent encore leur rénovation énergétique, pendant que le secteur privé, contraint par les coûts et stimulé par l’innovation, investit déjà depuis vingt ans dans l’efficacité énergétique ? La bureaucratie absorbe, dilue, ralentit. Chaque franc qui passe par l’appareil administratif perd en efficacité ce qu’il aurait pu produire directement entre les mains des citoyens et des entreprises.

La liberté d’entreprendre, un socle de la Suisse

Les initiants brandissent la « justice sociale » comme justification ultime. Mais qu’y a-t-il de juste à punir systématiquement ceux qui réussissent alors qu’ils contribuent déjà largement plus que la moyenne aux finances publiques ? Aristote, déjà, nous avertissait : « La seule égalité juste est celle qui récompense l’effort et le mérite. » La gauche, en confondant égalité des droits avec l’imposition d’un égalitarisme injuste, nie cette vérité fondamentale. À force de vouloir niveler par le bas, on décourage l’initiative, on bride le travail, on sanctionne l’innovation.

La prospérité helvétique ne s’est pas construite avec des mesures radicales et contreproductives, mais sur un équilibre subtil et durable. Un équilibre qui laisse une place importante à la liberté d’entreprendre, à une fiscalité raisonnable et à une solidarité responsable. C’est cette combinaison qui a permis à la Suisse de financer une formation de qualité, une santé solide, une sécurité enviée et une aide internationale respectée. Si demain, au prix d’une confiscation massive, chaque ménage gagnait le revenu moyen, notre pays perdrait à la fois sa force créatrice et sa base fiscale. L’égalitarisme absolu n’aboutirait qu’à l’appauvrissement collectif.

Le climat, une affaire de tous

Enfin, réduire le défi climatique à une lutte de classes est une impasse. Le climat est un problème global qui exige coopération, innovation et ouverture. La Suisse doit jouer son rôle non en punissant ses propres acteurs économiques, mais en favorisant l’investissement privé, la recherche et la coopération internationale. Comme l’écrivait Tocqueville, « le progrès ne vient pas de ceux qui détruisent, mais de ceux qui construisent ».

Non à une initiative menaçante

En prétendant œuvrer pour l’avenir, l’initiative de la jeunesse socialiste prépare en réalité un affaiblissement durable de notre pays. Elle menace notre prospérité, notre liberté et notre capacité à contribuer efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique. L’avenir de la Suisse ne se construira pas dans la jalousie et la spoliation, mais dans la liberté, la responsabilité et l’innovation. C’est cela, la véritable justice fiscale, climatique et sociale.