Ils ne sont pas des slogans. Ils sont une manière de penser la société, de concevoir le rôle de l’État, et d’affirmer la place de chacun dans la communauté. À travers cette série d’articles, nous vous proposons d’interroger ces valeurs. D’en explorer le sens, la portée, les exigences. Et de montrer pourquoi elles restent, aujourd’hui encore, au cœur de l’engagement libéral-radical. Car défendre des valeurs, ce n’est pas les afficher ; c’est les comprendre, les faire vivre et les assumer pleinement.
Les valeurs du PLR Genève : L’égalité
Il est des mots dont la simplicité apparente masque la densité historique. Des mots qu’on croit évidents, tant ils semblent acquis. L’égalité est de ceux-là. Elle paraît aller de soi, mais son chemin fut long, conflictuel, souvent douloureux. Pour nous, libéraux-radicaux, elle n’est ni un slogan ni une utopie : elle est un fondement républicain, une exigence de justice, une condition de la liberté partagée.
L’histoire suisse témoigne des combats incessants pour faire de l’égalité un principe vivant. À l’aube de la modernité, les Lumières ont posé l’égalité en droit comme un idéal universel. Mais à cette époque, les sociétés suisses restaient profondément hiérarchisées. Avant 1798, la majorité des habitants vivait sous des régimes d’inégalités formelles :
pays sujets, privilèges nobiliaires, discriminations religieuses. La République helvétique, inspirée de la Révolution française, proclama pour la première fois l’égalité politique entre citoyens masculins, sans distinction d’origine cantonale ; un premier jalon, certes imparfait, mais fondateur.
Au XIXe siècle, une égalité de principe
Au XIXe siècle, l’idée d’égalité devient un pilier de l’État de droit moderne. L’article 4 de la Constitution fédérale de 1848 affirme que « tous les Suisses sont égaux devant la loi ». Mais là encore, l’universalité est relative : les femmes sont exclues des droits politiques ; les Juifs, les pauvres ou les domestiques font l’objet de discriminations persistantes. Dans le droit civil, les femmes mariées demeurent sous la tutelle de leur mari. Ce n’est qu’en 1881 que les femmes célibataires obtiennent la pleine capacité juridique, et en 1923 qu’une femme peut enfin accéder au barreau. L’égalité proclamée ne se traduit pas encore dans les faits.
XXe siècle, des avancées majeures
Il faudra attendre le XXe siècle pour que l’égalité franchisse un cap décisif. La reconnaissance du suffrage féminin en 1971 marque une avancée majeure, fruit de décennies de luttes et de refus populaires. L’introduction en 1981 de l’article constitutionnel garantissant l’égalité entre femmes et hommes renforce cette dynamique. Pourtant, les résistances demeurent. L’égalité salariale, inscrite dans la Constitution, reste encore incomplète dans la pratique. La loi sur l’égalité de 1996, limitée au monde du travail, ne suffit pas à combler les écarts structurels, ni à garantir une égalité de fait dans les parcours professionnels, la retraite ou la conciliation entre vie familiale et emploi.
L’égalité, plus qu’un concept juridique
Car l’égalité n’est pas qu’un concept juridique : elle touche à la réalité sociale, aux chances offertes, aux obstacles invisibles. Elle concerne aussi les discriminations multiples : liées au handicap, à l’origine, à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre. La Suisse a su évoluer : reconnaissance du mariage pour tous, accès des femmes à toutes les fonctions militaires, lois contre les discriminations raciales et homophobes. Mais des disparités subsistent, notamment en matière de rentes, de participation politique ou d’accès aux postes à responsabilité.
Égalité des droits et des chances
Face à cela, nous, libéraux-radicaux, portons une vision exigeante de l’égalité : non pas celle qui nivelle, mais celle qui libère. Nous refusons l’égalitarisme plat qui confond équité et uniformité. Ce que nous défendons, c’est l’égalité des droits et des chances. Celle qui donne à chacun, quelle que soit son origine ou sa situation, les moyens d’agir, de contribuer, de s’épanouir. Une égalité qui passe par l’accès à l’éducation, à la formation continue, à la justice. Une égalité fondée sur le mérite et l’effort, mais qui reconnaît aussi les obstacles concrets que certains doivent surmonter.
C’est pourquoi nous croyons à un État qui garantit les conditions d’une égalité réelle, sans se substituer à la responsabilité individuelle. Un État qui lutte contre les discriminations, mais qui fait aussi confiance aux acteurs économiques, sociaux, culturels, pour faire vivre cette égalité sur le terrain. Un État qui encourage la diversité sans imposer de quotas, qui valorise les talents sans assigner des identités figées.
Un combat permanent
Car au fond, l’égalité n’est pas un aboutissement figé, c’est un combat permanent. Elle se construit au quotidien, dans les pratiques, dans les choix politiques, dans les mentalités. Elle ne se décrète pas : elle se prouve, dans les faits.
Et c’est pour cela que nous nous engageons. Car défendre l’égalité, ce n’est pas céder à la facilité des slogans : c’est promouvoir une société où chacun, libre et responsable, trouve sa place. Une société qui ne tolère ni privilège, ni relégation. Une société où les droits sont pour tous, et la dignité, pour chacun.